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The Big Sick: elle court, la maladie d’amour

Photo: Entract Films

Dans The Big Sick, Emily V. Gordon et Kumail Nanjiani racontent l’histoire romancée de leur véritable rencontre. Entretien.

Réglons une chose d’emblée: Emily V. Gordon et Kumail Nanjiani s’entendent très bien avec leurs parents. Mais ce n’est pas tout à fait le cas dans la comédie dramatique inspirée de leurs débuts en tant que couple.

L’Emily du film (incarnée par Zoe Kazan) a des parents  facilement irritables et chamailleurs. Le Kumail du film (joué par Kumail lui-même) craint quant à lui de dire à sa famille pakistanaise qu’il fréquente une femme blanche américaine.

«Mes vrais parents ont tout simplement dit : “Ce n’est qu’un film. Ça ne nous ressemble pas du tout”, confie Emily Gordon. Elle est mariée à Kumail depuis 2007, soit peu après le troublant épisode qui a marqué le début de leur relation: une vilaine grippe qui a dégénéré au point de plonger Emily dans le coma. Pendant un mois.

C’est du reste ce que les vrais parents de son amoureux lui ont reproché. «Ils trouvaient ça bizarre. Ils ne voyaient rien de drôle dans cet événement bouleversant qui nous avait tous chamboulés», confie l’acteur, qu’on a vu notamment dans la série Silicon Valley. «Ils me réprimandaient: “Tu vas parler de ça? Et tu comptes en rire?”» se souvient-il. «J’ai dû les rassurer et leur promettre d’être fidèle à la réalité des faits.»

Le résultat, c’est un succès salué à Sundance dans lequel Kumail joue un rôle bien éloigné de celui du geek incapable de draguer une fille qu’il interprète dans Silicon Valley.

Ici, il porte le film sur ses épaules et incarne un vrai héros de comédie romantique. Réalisé par Judd Apatow, ce long métrage traite non seulement d’amour mais également de la complexité des relations familiales et de la difficulté qu’ont certains enfants à s’entendre avec leurs parents, et vice-versa, pour des raisons de valeurs et de divergence de points de vue.

«Cela dit, je trouve qu’il est normal et sain de ne pas parler d’absolument tout avec ses proches. Surtout de politique!» s’exclame Kumail.

«J’ai un oncle, par exemple, avec lequel je ne parle que d’animaux et avec lequel j’évite à tout prix de parler de l’actuel président américain.»

Si The Big Sick a autant de résonance auprès des spectateurs, c’est entre autres parce qu’il aborde de façon réaliste la question délicate de deux amoureux issus de cultures différentes, c’est-à-dire pakistanaise et américaine du Midwest.

Étant très prolifique dans les médias sociaux et n’ayant pas peur de rappeler à l’ordre les politiciens qui tiennent des propos déplacés sur Twitter, Kumail Nanjiani est souvent lui-même la cible de commentaires fort désagréables.

«C’est très étrange: nous en sommes au point où des gens sentent qu’il est tout à fait acceptable de dire des choses comme “on ne devrait pas mélanger les races”. Comment est-ce possible? Ça me sidère.»

L’acteur et scénariste a une théorie à ce sujet: «Autrefois, les gens s’exprimaient sur le web de la même façon qu’à la maison. Ils étaient polis, normaux. Mais peu à peu, avec l’anonymat, ils se sont transformés en trolls en puissance. Ils sont devenus méchants et agressifs, tant en ligne que dans leur quotidien.»

Son épouse tente de voir les choses avec un peu plus d’optimisme: «Les gens que nous connaissons et que nous aimons sont quant à eux adorables, gentils et compréhensifs. S’entourer de bonnes personnes, c’est ce qui compte.»

Coeur de mère

Dans The Big Sick, Holly Hunter incarne une mère à bout de nerfs. Son mari l’irrite foncièrement (pour une raison qu’on découvrira plus tard) et sa fille unique est plongée dans le coma.

Il faut dire que l’actrice de 58 ans est habituée d’incarner des angoissées, que ce soit pour susciter des rires (comme dans Raising Arizona des frères Coen) ou des larmes (on pense à The Piano, de Jane Campion, qui lui a valu un Oscar). Dans The Big Sick, ce sont les deux à la fois.

«Dans le film, on parle d’une vie qui ne tient qu’à un fil, d’une jeune femme plongée dans le coma. Et on voit comment cet événement traumatisant affecte et rassemble les proches de la malade.»

Même si ce thème est très sérieux, Holly Hunter souligne l’aspect le plus positif et le plus inspirant, selon elle, de l’ensemble : la très belle relation qui lie la mère à la fille.

«J’ai adoré pouvoir présenter l’amour maternel dans cette lumière, fait remarquer l’actrice. C’est rare! Habituellement, au cinéma, ces liens sont dépeints comme foncièrement tragiques ou clichés: on voit la mère poule et la fille qui suffoque, ou une mère et une fille qui sont étrangères l’une à l’autre. Mais pas ici. Ici, elles s’aiment.»

En salle dès vendredi.

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