Soutenez

«Le problème d’infiltration»: Christian Bégin rencontre les monstres d’aujourd’hui

Photo: K-Films Amérique

Robert Morin entraîne Christian Bégin au bout de la nuit dans Le problème d’infiltration.

À quoi ressemblerait le cinéma expressionniste si les créateurs de l’époque – les Murnau, Lang et compagnie – réalisaient encore des films? Sûrement au Problème d’infiltration, s’il faut en croire Robert Morin, dont le nouveau long métrage est constitué de plans séquences qui sont reliés par de bluffant faux raccords.

«Les personnages sont prisonniers d’eux-mêmes, développe un des enfants terribles du cinéma québécois. Ils sont asphyxiés et le plan séquence, c’est une prison temporelle dont on ne peut pas s’évader.»

Au sein de ce tourbillon troublant de bruits qui semble sans cesse aspirer les êtres se dresse un chirurgien (Bégin) qui vit une journée d’enfer et qui risque, à tout moment, de se métamorphoser de Docteur Jekyll en M. Hyde, rejoignant ainsi Nosferatu, Mabuse, M le maudit et le docteur Caligari.

«C’est le monstre moderne, avoue le cinéaste. Il est riche, il donne une impression d’altruisme. Mais il n’a aucun sens de la compassion. Il vit pour lui, les gens autour ne sont que des satellites… De nos jours, les monstres les plus courants sont les narcissiques qui sont encouragés et même valorisés par Facebook et les médias sociaux. On est dans une ère où le culte de soi est plus important que le culte social. On est en train d’oublier complètement le siècle des Lumières. Les gens n’ont que des droits, plus de devoirs.»

«Je pense que c’est le film le plus oppressant que j’ai vu dans ma vie.» – Christian Bégin, sur Le problème d’infiltration, où il tient le rôle principal.

Pour l’interprétation de cet individu ambigu, personne n’aurait pensé à Christian Bégin. Pas même le principal intéressé, qui voue une admiration sans borne à Quiconque meurt, meurt à douleur de Morin et qui se trouve aux antipodes de ce qu’il fait habituellement à la télévision.

«Robert disait: “Bégin, le monde l’aime bien, parce qu’il boit du vin et qu’il est fin”, se rappelle l’acteur. Je pense que l’idée de prendre quelqu’un qu’on apprécie et de le voir se transformer lui plaisait.»

Le problème d’infiltration est en salle dès vendredi.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.