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L’humour morbide de Killer Joe

Photo: ho/vvs films

L’acteur d’origine texane Matthew McConaughey admet qu’il a d’abord été dégoûté par le scénario de son plus récent film, Killer Joe.

Quand Matthew McConaughey a lu pour la première fois le scénario de Killer Joe, son dernier film, sa réaction a été immédiate… et négative.

«À ma première lecture, j’étais dégoûté. Je me souviens de l’avoir jeté à la poubelle et d’être allé prendre une douche, regrettant de ne pas avoir une laine d’acier avec laquelle me laver, raconte-t-il. Mais des gens avec lesquels je travaille et en qui j’ai confiance m’ont dit qu’ils avaient adoré le projet.»

Si l’acteur concède ne pas avoir vu la même chose que ses collègues dans le scénario basé sur une pièce de Tracy Letts, il s’est laissé convaincre de laisser une nouvelle chance à celui-ci. «Ils trouvaient que c’était absolument hilarant, et je ne comprenais pas ce qu’ils voyaient d’humoristique là-dedans, se souvient-il. J’ai laissé le tout décanter deux jours, le temps que le sentiment de dégoût sorte de mon système. Puis, j’ai tout relu, et je me suis surpris à pousser quelques gloussements, puis des ricanements, et j’ai alors vraiment capté ce qu’il y avait d’hilarant. C’est là que j’ai rencontré le réalisateur William Friedkin pendant une heure. Il avait une idée si précise de ce qu’il voulait, du ton qu’il cherchait, que je n’ai pu faire autrement que d’embarquer.»

McConaughey incarne le Joe du titre, un détective aux homicides de Dallas, froid et calculateur le jour, qui devient tueur à gages la nuit. Le défi pour l’acteur a été de trouver l’humanité dans ce personnage glacial. «Il y a certains aspects de Joe qui me plaisaient et j’ai misé là-dessus. Il accorde beaucoup d’importance à la structure, à l’ordre. S’il n’obtient pas ça, il devient hors de contrôle et soit il se retire de la situation, soit il s’en occupe façon justice de rue, explique le comédien. Son sens de la discipline est un peu tordu, diraient la plupart des gens. Ce n’est pas exactement œil pour œil, dent pour dent. La violence de Joe émane du manque d’ordre des autres personnages.»

Sans trop divulguer d’informations, disons que le dénouement du film implique une utilisation très dérangeante de poulet frit – une scène qui est facilement celle qui provoque le plus de discussions chez le public à la sortie du cinéma, plusieurs spectateurs craignant d’avoir perdu l’appétit à tout jamais. Et puis, avoir participé à cette scène cruciale a-t-il eu un effet sur l’appétit de McConaughey?

«Je suis davantage un fan du poulet, maintenant, répond-il avec une lueur dans l’œil. Il y a une chose que je n’ai pas tout à fait fini de saisir… Pourquoi la chaîne Poulet Frit Kentucky n’est pas venue à nous pour profiter de la vague de cette tournée promotionnelle? Est-ce que ça aurait été mauvais pour les ventes?»

Tout est plus épeurant au Texas
Si Killer Joe est encore un des projets de Matthew McConaughey situé dans son Texas natal, il n’est pas nécessairement celui qui montre l’État sous son meilleur jour.

Pourquoi donc le Texas et le Sud des États-Unis en général continuent-ils d’être un terreau aussi fertile pour les thrillers, les films d’horreur et les contes sur les pires facettes de la nature humaine? «À la base, vous avez cette terreur qui se rapproche de celle de The Shining : Vous pouvez crier aussi fort que vous le voulez, personne ne vous entendra, explique McConaughey. Dans le Sud, il y a plus de grands espaces. Les parcs à tentes-roulottes sont habités, mais si vous entendez un homme battre sa femme dans la maison mobile d’à côté, vous ne traversez pas chez eux pour demander ce qui se passe. Vous vous mêlez de vos affaires.»

Mais McConaughey, enthousiaste face au Texas depuis belle lurette, croit que c’est quelque chose de plus positif – une propension à raconter des histoires – qui rend l’endroit si populaire quand vient le temps de choisir où se passera un film.

«Il y a quelque chose à propos de la géographie, de l’espace dans le Sud, et des zones rurales, où plusieurs grands drames ont eu lieu, dit-il. Les gens prennent beaucoup plus le temps de s’asseoir sur le balcon devant la maison, de voir le jour passer et de le résumer. Ça arrive partout, mais je sais que là où j’ai grandi, c’était ça, l’heure du souper : l’heure de se raconter des histoires.»

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