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À la recherche de l’amour perdu dans Le jour des corneilles

Photo: Remstar

Avec son premier long métrage, Le jour des corneilles, le cinéaste français Jean-Christophe Dessaint signe l’adaptation en dessin animé d’un livre «pas du tout pour les enfants» de Jean-François Beauchemin.

C’est l’image de l’amour comme objet tangible, l’idée d’un fils qui cherche l’amour de son père sans abstraction, comme quelque chose de concret qu’il faut trouver et remettre à l’intérieur de son père pour que celui-ci redevienne un être aimant, qui a interpellé le producteur William Picot à la lecture du roman de Jean-François Beauchemin Le jour des corneilles, en 2005. Un roman plutôt dur, destiné à un public adulte, mais dont le producteur a voulu faire un dessin animé afin d’aborder certaines thématiques difficiles et d’en parler aux jeunes.

Scénarisé par Amandine Taffin et réalisé par le Français Jean-Christophe Dessaint, Le jour des corneilles plonge le public au cœur d’une forêt mystérieuse où les esprits des défunts deviennent des animaux, et où vivent le Père Courge (voix de Jean Reno) et son fils (voix de Lorant Deutsch). Sur ordre de son père, le fils n’a jamais osé mettre les pieds hors de la forêt, jusqu’au jour où Courge se blesse gravement et où le fils n’a d’autre choix que d’aller au village le faire soigner. Là, il rencontre un médecin (voix de Claude Chabrol) et sa fille (voix d’Isabelle Carré).

Arrivé dans le projet vers la fin de 2009, Jean-Christophe Dessaint se souvient d’avoir immédiatement été séduit par la présence très forte de la nature dans l’histoire. «J’ai aussi adoré les personnages, qui sortent vraiment des sentiers battus, ajoute-t-il. On n’était pas dans une adaptation de bande dessinée connue; ce sont des personnages originaux avec beaucoup de traits de caractère très forts. De plus, on aborde de front des sujets très peu traités dans les films pour la jeunesse, et tous les spectateurs semblent y trouver leur compte : les parents, les enfants et même les adolescents, qui sont les plus difficiles à atteindre, mais que le film semble marquer parce qu’ils posent beaucoup de questions.»

En arriver à un scénario adapté pour les enfants sans pour autant être infantilisant n’a pas été une mince affaire, et Dessaint, Picot et la jeune scénariste Amandine Taffin, dont il s’agissait également du premier film, ont longuement retravaillé le scénario ensemble. «La difficulté, c’est qu’il se passe des choses un peu dures, et quand ça arrivait, on essayait de ne pas alourdir le tout, raconte Dessaint. On voulait aborder les sujets de front, mais en dédramatisant. On s’adresse aux enfants, après tout on devait donc les divertir, les surprendre et faire en sorte qu’ils se posent des questions.»

C’est en se mettant dans la peau des enfants qu’ils sont parvenus au résultat escompté, raconte le réalisateur. «À titre d’exemple, il y a une séquence où le fils rencontre sa mère, la femme-biche, dans la forêt, décrit-il. On ne ressentait pas d’émotion, parce qu’elle ne parle pas. Pour transmettre l’émotion, on a imaginé un dialogue. L’animation permet de rendre ça vraiment crédible sans que la mère prononce un mot. Ç’a fonctionné, puisqu’il y a des enfants qui m’ont dit après avoir vu le film : «“Mais si, elle parle, sa mère! Je l’ai entendue!”»

Distribution cinq étoiles
Jean Reno, Isabelle Carré, Lorant Deutsch et le regretté Claude Chabrol (photo) : Jean-Christophe Dessaint n’a pas réuni n’importe qui pour donner des voix à ses quatre personnages principaux.

«C’était notre casting idéal, avoue le réalisateur. Au moment de l’écriture, on avait écouté énormément de voix, d’extraits de films… On a beaucoup discuté des traits de caractère. On cherchait des voix que les acteurs n’auraient pas à modifier – Isabelle Carré, par exemple, a une voix juvénile naturellement. On voulait aussi que leurs personnalités correspondent à celles de leurs personnages. C’est d’ailleurs intentionnel que le dessin du docteur ressemble à Chabrol…»

Et pourquoi ne pas avoir choisi de vrais enfants pour prêter leurs voix aux petits? «Le personnage du fils a été élevé à l’écart des autres, il ne pouvait pas parler comme un enfant normal, souligne le cinéaste. Il fallait quelqu’un qui comprendrait le personnage rapidement, qui comprendrait qu’il a une vie bizarre, une façon de parler bizarre. Lorant Deutsch l’a très bien cerné!»

Le jour des corneilles
En salle vendredi

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