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Questions en rafale avec l’auteur Emmanuel Kattan

Photo: Collaboration spéciale

Chaque semaine, Métro pose quelques questions à un auteur.

Le premier roman d’Emmanuel Kattan, Nous seuls, paru en 2008 a été traduit en anglais. L’auteur vit à New York, où il occupe le poste de directeur de programme du British Council.

Les lignes de désir, son deux­ième roman, raconte l’histoire de Sara, qui quitte Montréal pour Jérusalem afin d’y finir ses études d’archéologie. Elle se liera d’amitié avec des étudiants juifs et sa colocataire musulmane. Elle tombera aussi amoureuse d’Ibrahim.

L’auteur s’interroge sur la manière de vivre et d’aimer dans un pays où les questions de foi et de religion sont mêlées à la politique?

Que lisez-vous en ce moment?
Hallucinations, le dernier livre d’Oliver Sacks. Il y décrit, en neurologue et en humaniste, les dérèglements du cerveau et les égarements que ces problèmes entraînent. Un livre à la fois rassurant et inquiétant, qui nous montre qu’il ne faut pas nécessairement être prophète ou toxicomane pour avoir des visions et entendre des voix.

Qui sont vos trois auteurs préférés?
Cervantes, Flaubert, Kafka et, plus près de chez nous : Anne Hébert, Alice Munro et Réjean Ducharme. Ça fait six, je sais, mais trois seulement, c’est trop difficile…

Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture?
Quand j’étais enfant, je dévorais les livres de Jules Verne. Je trouvais incroyable qu’il arrive à décrire avec tant de force et de précision des pays et des lieux où il n’avait jamais été. Je me suis dit que, si écrire peut donner tant de liberté, c’est ça que je veux faire.

Chaque écrivain a des routines d’écriture qui lui sont propres. Quelles sont les vôtres?
J’écris plutôt le matin, parfois la nuit, rarement le jour. Mais quelle que soit l’heure où je travaille, j’ai toujours besoin d’une grande tasse de café noir.

En tant qu’auteur, quelle est votre plus grande peur?
Ne plus avoir d’idées, ou plutôt, ne plus y croire. L’angoisse la plus terrible, ce n’est pas la «page blanche», c’est la page remplie de mots qui ont perdu tout leur pouvoir, dans lesquels nous ne nous retrouvons plus.

Quelle est votre expression ou citation favorite?
«Je ne veux pas atteindre l’immortalité grâce à mon œuvre. Je veux atteindre l’immortalité en ne mourant pas.» C’est de Woody Allen. Ça aide à mettre les choses en perspective, je trouve.

Quel est votre pire défaut littéraire?
Mes pires défauts littéraires ne sont pas très différents de mes pires défauts «non littéraires» : je suis plutôt secret, j’ai peur de me livrer et je donne parfois un peu trop dans l’emphase pour mieux occulter ce que je ne veux pas montrer.

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Quel livre auriez-vous aimé écrire?
C’est une question dangereuse, puisqu’elle laisse entendre qu’un livre qu’on aurait aimé écrire est aussi un livre qu’on aurait été capable d’écrire. Je commence donc par dire que je n’aurais jamais pu écrire un livre aussi émouvant que La grimace de Heinrich Böll. Mais au moment où je l’ai lu, je me suis senti si proche du personnage principal – un clown professionnel –, de sa révolte grandiose et futile contre la religion, la société et les siens, que je me serais presque senti capable de l’inventer.

Que préférez-vous dans l’écriture? Qu’aimez-vous le moins?
Ce que je préfère dans l’écriture : trouver une nouvelle idée de roman. Ce que j’aime le moins : me rendre compte que, tout compte fait, cette idée ne fonctionnera pas et que je dois en chercher une autre.

De quoi êtes-vous le plus fier en tant qu’auteur?
Je ne sais pas si «fierté» est le bon mot. En général, je ne suis content que de la dernière chose que j’ai écrite… jusqu’à ce que j’écrive autre chose.

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