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Au cœur du mensonge dans le film Trois mondes

Photo: Az films

Les classes sociales en prennent pour leur rhume dans Trois mondes, le nouveau film de Catherine Corsini, où un accident de voiture aura de terribles répercussions sur des personnes qui ne se connaissent pas.

Dans Partir, son précédent long métrage, Catherine Corsini s’intéressait au triangle amoureux. Cette fois, le triangle est social alors qu’un homme (Raphaël Personnaz, aperçu dans Anna Karenina de Joe Wright) rongé par les remords après avoir commis un délit de fuite est approché par l’unique témoin (Clotilde Hesme des Chansons d’amour) qui lui propose d’aider l’épouse (Arta Dobroshi, la révélation du Silence de Lorna) de la victime qui travaillait au noir.

«J’avais envie de raconter une histoire sur le monde d’aujourd’hui, avec ses différences sociales, sa dureté, le problème des gens qui sont de plus en plus irresponsables, explique la metteure en scène, jointe en France. De comment la conscience pouvait advenir à quelqu’un et éclairer sa vie tout d’un coup. Ce sont des personnages assez sombres qui s’enfoncent chacun dans leur monde et qui ne regardent pas les autres.»

Il y a le bourgeois, l’intellectuelle et la femme forte qui est issue d’un milieu défavorisé. Des archétypes qui forment la métaphore d’un pays qui écrase – peut-être même sans le vouloir – ses concitoyens les moins nantis, leur donnant seulement le goût de se venger.

«Je pense qu’on est dans une société stérile où on a besoin d’une économie souvent parallèle qui permet de payer des gens d’une manière dérisoire et c’est absolument scandaleux, relève celle à qui l’on doit les remarqués La répétition et La nouvelle Ève. On est dans un monde où les faibles sont de moins en moins protégés et où les riches sont de plus en plus riches. C’est encore plus vrai avec la crise financière.»

Le risque principal de ce type de récit morcelé était d’aller dans tous les sens, de ne pas explorer en profondeur les différents destins. Un défi dont Catherine Corsini était consciente.

«C’était un scénario extrêmement compliqué et complexe à écrire, difficile parce que je ne voulais pas seulement survoler ces mondes qui dépendent parfois les uns des autres. Je voulais un film qui soit tendu, qui va à l’essentiel, avec des personnages qui arrivent à exister et à se développer.»

Pas juste une affaire de gars
En plus d’être un film choral à la Babel d’Alejandro González Iñárritu, Trois mondes s’aventure sur le terrain du suspense et du polar avec ses emprunts au cinéma d’Hitchcock, de Melville et même de James Gray pour ses dilemmes moraux. Un genre que la cinéaste Catherine Corsini apprécie particulièrement.

«Pourquoi je m’interdirais de faire des films qui sont souvent faits par des garçons?, se demande la réalisatrice. Pourquoi moi je ne pourrais pas en faire un? Je me suis donné la permission de faire ce genre de films. En même temps, pour être lucide, ce n’est pas un thriller. C’est un film intimiste, de questionnements, de morale.»

Trois mondes
En salle dès vendredi

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