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Au bout du conte: il était une fois…

Photo: K-films Amérique
Marilyne Leterte - Métro France

Jean-Pierre Bacri propose une solution de rechange au mythe du prince charmant et de l’amour éternel dans Au bout du conte, le nouveau film d’Agnès Jaoui qu’il a co-scénarisé.

Le film s’achève sur cette phrase : «Ils vécurent heureux et se trompèrent beaucoup.» Votre scénario est parti de cette idée?
Cette phrase est venue à la fin de l’écriture, mais elle synthétise effectivement notre envie initiale : casser les idées reçues. Notamment l’idée qu’une femme doit rester avec le même homme pendant 50 ans sous peine d’être condamnée à l’enfer. Toutes les vies sont permises et ne pas faire comme nos grands-mères n’est pas un échec.

Mais pourquoi avoir choisi le prisme du conte?

Parce que le conte est ludique, mais surtout très normatif. Les contes ont été écrits par des hommes et décrivent des femmes endormies que seul un baiser d’homme peut réveiller ou des souillons qui auront la chance de sortir de leur état misérable en rencontrant un prince charmant… En gros, ce sont des femmes qui ne se révèlent qu’à travers les hommes et la fidélité. Alors que Blanche-Neige aurait pu coucher avec les sept nains sans pour autant être une fille perdue.

Les contes font-ils en sorte que nous nous berçons trop d’illusions?
Oui, mais je crois aussi qu’ils sont nécessaires, car nous avons besoin d’espoir. Moi, par exemple, je crois aux contes de fées. La preuve : je suis de gauche et, être de gauche, c’est penser qu’on peut contraindre le puissant à respecter le plus faible. C’est évidemment un leurre, mais ce leurre a permis à la société d’avancer et de progresser sur certaines questions.

Vous êtes-vous retapé l’intégrale des contes pour nourrir votre film?
Inutile, nous avons puisé dans les références ancrées dans l’inconscient collectif. Mais nous avons aussi supprimé beaucoup de clins d’œil pour ne pas parasiter le récit. Par exemple, la princesse (Agathe Bonitzer) devait être une animatrice télé vedette entourée de sept chroniqueurs, en référence aux sept nains. Mais nous y avons renoncé avec Agnès.

C’est votre huitième scénario avec Agnès Jaoui. Envisagez-vous d’écrire sans elle?
Non, c’est avec elle ou rien. Personne ne me comprend et ne me complète aussi bien qu’Agnès. Nous travaillons déjà sur un nouveau scénario.

Et votre travail d’acteur?
Je n’ai encore trouvé aucun scénario enthousiasmant et je ne suis pas «affichophage» : j’étais dans Cherchez Hortense à la rentrée et, contrairement à certains, je ne cherche pas à squatter les panneaux publicitaires tous les trois mois.

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Au bout du conte
En salle dès vendredi

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