En 2013, on a craqué pour…
1. Les réalisateurs québécois à l’étranger
Allez, permettons-nous d’être un peu chauvins. Cette année, Denis Villeneuve (sur la photo avec Hugh Jackman) a été acclamé pour son enlevant premier film hollywoodien Prisoners (et pour Enemy, qu’on n’a pas encore vu en salle ici); Jean-Marc Vallée ne cesse de récolter des éloges pour son Dallas Buyers Club, mettant en vedette un Matthew McConaughey au sommet de son art… Les réalisateurs québécois brillent dans le firmament hollywoodien et, en plus, ils le font avec des films dont ils peuvent être fiers. Et ce n’est pas qu’à Los Angeles que le Québec a fait sa marque en 2013; on n’a qu’à penser à l’accueil chaleureux réservé à Cannes à Sarah préfère la course et au superbe Démantèlement, ou à Venise à Tom à la ferme… Les cinéastes québécois ont bel et bien le vent dans les voiles. (Jessica Émond-Ferrat)
2. Les rôles féminins marquants
Parmi les performances qui ont le plus retenu notre attention cette année, on trouve celles de plusieurs femmes. On pense bien sûr à la sublime Cate Blanchett (photo) dans Blue Jasmine, mais aussi à la touchante Adèle Exarchopoulos dans La vie d’Adèle, à Waad Mohammed qui prête ses traits à la fillette dégourdie qu’est Wadjda… Et on pourrait aussi mentionner, une fois de plus, la déterminée Claire Danes de la série télévisée Homeland. Autant d’actrices qui n’auront pas été confinées au rôle d’épouse effacée au grand écran cette année; il y en a de plus en plus, et c’est très bien comme ça. (Jessica Émond-Ferrat)
3. La BD québécoise
Elle n’est plus vue comme un art mineur, la BD d’ici. À preuve, cette année, elle a même fait son entrée au Musée des beaux-arts de Montréal, dans le cadre d’une superbe exposition consacrée aux 15 ans de la maison d’édition La Pastèque. Et parlant de La Pastèque, on a aussi eu droit à une édition 15e anniversaire de Paul à la campagne, de Michel Rabagliati, un véritable objet d’art – et c’est sans compter les nombreuses publications de qualité qui ont vu le jour cette année au Québec du côté du neuvième art (Les deuxièmes, de Zviane, Poulet grain-grain, de François Samson-Dunlop et Alexandre Fontaine-Rousseau…) La BD québécoise a bel et bien acquis ses lettres de noblesse. (Jessica Émond-Ferrat)
4. Le rayonnement d’Haïti
Haïti a brillé de mille feux en 2013, par ses mots, par ses œuvres d’art, par sa créativité. Invitée d’honneur du dernier Salon du Livre de Montréal, la Perle des Antilles a également été célébrée (et le sera encore jusqu’en août) au Musée de la civilisation de Québec. C’est là qu’on a pu voir la superbe exposition In extremis – un de nos grands coups de cœur –, qui nous a permis d’admirer des œuvres d’une folle vision et de découvrir la signature unique des Atis Rezistans, collectif de Port-au-Prince. Et tout ça sans oublier la toute récente admission à l’Académie française de Dany Laferrière, premier Québécois et Haïtien à obtenir cet insigne honneur. Oui, elle a brillé, la Perle des Antilles! (Natalia Wysocka)
5. Jimmy Hunt
La Maladie d’amour contractée par Jimmy Hunt ne présente que d’agréables symptômes. Du moins pour l’auditeur. Parce que si le chanteur a gardé la même voix de crooner un peu désabusé, la légèreté de son premier album a fait place au spleen et au vague à l’âme. Fini, donc, les promenades ensoleillées en motocross : c’est à une expérience radicalement différente que nous convie Hunt sur cet impressionnant deuxième album. Une ambiance nocturne, des textes empreints de mélancolie, le tout sur des airs où le rock se mélange aux synthétiseurs des années 1980… La simplicité du Montréalais y est toujours, mais s’enrichit de nouvelles textures et d’arrangements plus élaborés. Sans oublier la pochette, qui mérite à elle seule toute notre admiration. L’album de 2013. (Maxime Huard)
6. Les retours réussis…
En musique, on a été ravis de retrouver Pierre Lapointe avec son solide et achevé Punkt (et son EP-surprise Les Callas); Daniel Bélanger avec son surprenant Chic de ville; Arcade Fire et son déroutant Reflektor. En humour, Louis-José Houde est enfin revenu à la scène avec Les heures verticales, un nouveau spectacle extrêmement bien ficelé, en plus de son tout aussi bon Show caché 2, paru récemment sur DVD. On a aussi retrouvé avec plaisir les personnages de François Pérusse sur son nouvel Album du peuple. En cirque, le Cirque Éloize est revenu en force avec sa nouvelle création Cirkopolis, et Les 7 doigts de la main, avec leur succès Traces. Et du côté de la télé, on ne pourrait passer sous silence le retour fort attendu du 19-2, de Podz, dont le premier épisode de la seconde saison fait encore parler presque un an plus tard. Notre amour pour ces artistes n’aura pas faibli en 2013. (Jessica Émond-Ferrat)
7. Et les petits nouveaux
En plus de l’affection qu’on continue de vouer aux artistes établis (ci-dessus), de nouveaux venus se seront taillé une place de choix dans notre cœur cette année. On pense aux adorables sœurs Boulay (photo) et à leur réjouissant premier album Le poids des confettis; ainsi qu’à Forêt, duo pop-expérimental formé des talentueux Joseph Marchand et Émilie Laforest, dont la poésie signée Kim Doré nous a charmés. Côté cinéma, on note qu’on a découvert pour de bon le vrai talent d’Oscar Isaac dans son premier «premier rôle» dans Inside Llewyn Davis, le dernier film des frères Coen (rien de moins), et qu’on espère revoir Lupita Nyong’o, qui a fait ses remarquables premiers pas au grand écran dans le 12 Years a Slave, de Steve McQueen. On surveille la suite! (Jessica Émond-Ferrat)
On s’est désolés pour…
… le code vestimentaire élitiste imposé par Arcade Fire. Pourquoi? Pour avoir un public ENCORE PLUS hipster?
… Rachid Badouri qui a affirmé ne pas croire à la théorie de l’évolution sur le plateau de Tout le monde en parle.
… l’absence absolue de réaction qui a suivi l’aveu plutôt étonnant de Rachid Badouri, cité ci-dessus, et le bref échange entre Guy A. et l’humoriste qui a servi d’explication : «Toi, tu n’es pas darwinien? – Non. Loin de là. »
… la saison 4 surmédiatisée et complètement ratée de la série culte Arrested Development. Et peut-on demander ici : qu’est-il diable arrivé à Portia de Rossi?!?
… le rachat de Spectra par evenko. Comme s’il régnait déjà une folle diversité dans le monde du spectacle…
… les prix astronomiques de certains billets de concert. Où étaient les vrais fans, on vous le demande, quand, par exemple, pour les Stones, un billet au parterre coûtait plus de 500 $? Certains vrais fans étaient quand même au parterre, soit. Mais la plupart étaient dans les gris. Ou à la maison en train de faire tourner leur vieux vinyle d’Exile.