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Quai d’Orsay: que la fête commence

Photo: Axia films

En cette période d’élections, le vénérable cinéaste Bertrand Tavernier rappelle qu’il est possible de prendre le jeu politique avec beaucoup d’humour. Quai d’Orsay en est l’exemple probant.

«Le combat est le père de toutes choses.» Cette maxime d’Héraclite s’applique bien à la première partie du 21e siècle, alors que les États-Unis s’apprêtent à envahir un pays soupçonné de posséder des armes de destruction massive. Avant qu’il ne soit trop tard, le ministre français des Affaires étrangères (Thierry Lhermitte, qui s’inspire de Dominique de Villepin) recrute un jeune homme (Raphaël Personnaz) qui finit par lui écrire un discours qui marquera les esprits.

«Pour énormément de personnes, la politique se réduit à ce qu’on voit dans les journaux et à la télévision: des gens qui vont faire des conférences de presse, explique en soupirant le fascinant réalisateur en entrevue. Moi, ce qui m’intéressait dans le film, c’est que j’avais des personnages qu’on ne voyait jamais.»

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Il y a ainsi une horde d’individus qui courent à gauche et à droite dans une institution qui rappelle à certains égards la maison qui rend fou des Douze travaux d’Astérix. Des conseillers et des êtres de pouvoir comme Julie Gayet et Niels Arestrup (qui s’est mérité le César du Meilleur second rôle pour sa savoureuse performance) qui font l’impossible pour ne pas décevoir leur chef, défendu de façon parfaite par un Thierry Lhermitte qui renoue avec l’essence du Splendid, son ancien collectif.

Dans la brume comique
Inspiré d’une bande dessinée autobiographique d’Abel Lanzac et de Christophe Blain, qui ont participé au scénario et aux dialogues de ce long métrage, Quai d’Orsay est un des films les plus drôles à sortir depuis des lustres, mélangeant à la façon d’un Preston Sturges la satire et l’ironie, le burlesque, l’absurde et la caricature sans la moindre once de cynisme.

«J’ai ri en écrivant le scénario, pendant que je le tournais, pendant que je le montais, raconte le metteur en scène, qui signe ici sa première véritable comédie en 50 ans de carrière. Je m’amusais beaucoup et quand je revois quelques scènes, il me fait encore rire.»

Derrière cet humour qui coule à flots, ces répliques d’anthologie et certaines situations qui évoquent le vaudeville, il y a l’essence d’un monde réel, ces combats quotidiens et ces jeux de coulisses qui transcendent la simple farce politique.

«On a réussi, à cette époque, à créer un discours qui était extraordinaire et à adopter une position qui était exemplaire: la France n’a pas participé à la guerre d’Irak et a toujours dit qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive, rappelle Bertrand Tavernier. Dieu sait si on a été attaqués par les Américains. Et maintenant, l’Histoire donne entièrement raison à la politique française. Le film, il est là pour montrer comment, dans un chaos énorme, dans un bordel gigantesque, on arrive à prendre une décision qui est très bonne.»

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=jmwE8aSojrs?rel=0&w=640&h=360]
Quai d’Orsay
En salle dès vendredi

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