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Il ventait devant ma porte: prise de parole

Photo: Denis Beaumont/Métro

Le cinéaste Pierre Goupil brise le silence de la bipolarité dans le documentaire Il ventait devant ma porte, pour lequel il a été aidé par son ami et coréalisateur Rénald Bellemare.

«Je suis bipolaire et je suis en crise. Je tenais à faire un film pour me sortir de ma crise – comme une catharsis. C’est une nécessité interne.»

Ces phrases dites au début de l’entrevue par Pierre Goupil donnent rapidement le ton au film, qui est à la fois simple, sensible et d’une grande humanité. Ce metteur en scène québécois dont la carrière cinématographique (Celui qui voit les heures, en 1985, La vérité est un mensonge, en 2000) a été brimée par cette «maladie de l’âme» avait absolument besoin de témoigner.

Tout ou presque y passe, de l’éviction de son logement à ses rapports avec la marginalité et l’itinérance, de son enfance à ses épisodes psychotiques. Entre la maladie, la solitude et la relation avec ses amis, le personnel se mue peu à peu en social, se superposant aux évènements qui ont marqué le Québec récemment, dont le mouvement Occupy, le printemps érable et les frasques de Matricule 728.

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Le principal intéressé avoue pourtant avoir anesthésié du matériel afin de ne pas rouvrir des plaies particulièrement vives. «On a opéré avec des choses que l’on pouvait maîtriser, qu’on pouvait comprendre et qu’on pouvait circonscrire sans se faire déborder pour tomber encore plus malade. Des fois, on a tendance à se sacrifier sur l’autel de la création et c’est bon de faire attention, de ne pas trop en mettre.»

La démarche demeure pourtant intimiste et authentique, éclairante lorsqu’elle démystifie cette maladie et importante dans sa façon de rappeler que la folie fait toujours peur à la société.

Afin de survivre, Pierre Goupil s’est lancé tête première dans l’écriture, le dessin et le septième art, jouant sa vie entre le cinéma et la réalité, se bâtissant même des décors à petite échelle. Tout pour demeurer libre et transcender sa condition. «Il faut faire en sorte que nos lacunes psychologiques et psychiatriques servent à créer, affirme avec lucidité le réalisateur. À partir de ce moment-là, c’est comme si on court-circuitait la folie. On en fait un phénomène positif.»

Il ventait devant ma porte
En salle dès vendredi

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