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The Barr Brothers: frangins à la frontière du folk

Photo: JohnLondono/collaboration spéciale

Le groupe montréalais The Barr Brothers franchit le pas du périlleux deuxième album avec brio.

Trois ans après avoir charmé les friands de folk d’ici et d’ailleurs avec un premier album éponyme, le groupe montréalais The Barr Brothers s’apprête à partager le fruit de son travail des dernières années en lançant une deuxième offrande sous étiquette Secret City. Certains se sont plaints du long délai qui s’est écoulé depuis la dernière apparition du groupe sur la scène locale; le chanteur et guitariste Brad Barr explique cette absence par le fait que la sélection finale des pièces fut… déchirante. Il compare d’ailleurs l’expérience à la décharge d’adrénaline qu’il ressent dans un parc d’attractions.

«C’est toujours vraiment marrant lorsque j’embarque dans un manège, mais petit à petit, je me sens de plus en plus malade, et rendu à la fin, je ne veux rien d’autre que me réfugier bien loin de tous ces manèges, affirme Brad Barr. Construire quel­que chose, c’est toujours super, mais c’est douloureux de couper dans le gras par la suite afin de rendre le tout plus cohérent, de choisir les pièces pour l’album.»

Ne s’étant jamais cantonné aux limites du folk, mais ayant plutôt adopté des rythmiques africaines, des orchestrations prog-rock et de puissants frissons de blues, le quatuor composé des frères Brad (voix/guitare) et Andrew (batterie), de la harpiste Sarah Pagé et du pianiste et bassiste Andrès Vial a une fois de plus livré un disque témoignant de sa très grande curiosité musicale. Ce qui expliquerait d’ailleurs le long processus de sélection des 13 pistes finales parmi plus de 40 prétendantes.

«Comment intégrer une rythmique typique de l’Afrique de l’Ouest dans un ensemble qui s’apparente plus à de douces ballades folk? On était moins tracassés par ce type d’inquiétudes cette fois, car on avait abordé la question pour le premier album, raconte Brad Barr. On avait compris qu’il y a moyen de tisser une trame cohérente, une succession d’influences qui se tient. Mais on a tout de même voulu s’assurer que toutes les facettes de notre musique – du Delta blues percutant au folk sensible et aux compositions polyrythmiques plus prog – soient représentées.»

«On tente toujours de trouver une façon un peu décalée de jouer d’un instrument traditionnel, ou encore d’incorporer des sonorités atypiques qui surprendront l’auditeur.» – Brad Barr

Ayant cette fois fait appel à plusieurs de leurs condisciples montréalais, notamment Richard Reed Parry, The Luyas, Little Scream et certains membres de Patrick Watson, The Barr Brothers s’est également adonné à une séance d’enregistrement fructueuse avec le musicien malien Bassekou Kouyate, grand adepte du ngoni (instrument à cordes de l’Afrique de l’Ouest). Cette fascination du groupe pour des instruments méconnus du monde occidental s’apprécie à l’écoute de Sleeping Operator, qui met entre autres à profit cors français, marimba, tympanon et «cardboardium», un appareil inventé de toutes pièces par un des admirateurs de la première heure du groupe.

«Dave, un de nos adorables fans de la Nouvelle-Angleterre, se pointe souvent à nos shows et nous fait cadeau de versions artisanales d’instruments qui seraient considérés désuets par plusieurs, dit-il. Parfois, c’est un pot de café avec ficelle converti en instrument indonésien, parfois, c’est une guimbarde. Pour cet album, il nous a offert un “cardboardium”’, fait à partir de carton et de cordes, que Sarah a adopté et dont elle joue avec son pic à guitare sur Wolves. Nous partageons avec plusieurs de nos fans une appréciation mutuelle pour les objets atypiques!»

Sleeping OperatorSleeping Operator
Dans les bacs le 7 octobre
En prestation le 6 novembre au Métropolis

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