Une vie de chat: chat noir, chat blanc
À peine rentré des États-Unis où Une vie de chat était en lice pour l’Oscar de la Meilleure animation, le cinéaste français Alain Gagnol nous parle de ce dessin animé sur un félin qui mène une double vie, étant à la fois l’ami d’une petite fille et le compagnon d’un cambrioleur.
Les derniers jours ont dû être très mouvementés…
Oh que oui! C’est tellement différent de ce qu’on a l’habitude de vivre. C’était assez étonnant. Mon coréalisateur, Jean-Loup Felicioli, et moi ne sommes pas habitués à être sous les projecteurs. C’est un gros choc thermique.
Que pensez-vous de la décision d’accorder l’Oscar à Rango?
C’est leur choix. J’ai vu ce film-là et j’ai bien aimé… Sinon, je pense qu’on a quand même un style de mise en scène qui est extrêmement différent de ce que font les Américains. Ç’a été vraiment très surprenant qu’ils choisissent un film comme le nôtre. Sans parler des différences de budget. Notre film est celui qui avait le plus petit budget.
Vos précédents courts métrages étaient beaucoup plus sombres…
Au départ, ce qu’on voulait faire pour Une vie de chat, c’est un polar pour adultes en dessin animé. La toute première version était beaucoup plus violente, beaucoup plus noire. Mais on n’a jamais réussi à trouver le financement pour monter cette version-là. Les producteurs et les financiers n’étaient pas très convaincus qu’il existe un public pour ce genre de films. À partir de là, j’ai eu l’idée du chat qui passait d’une maison à l’autre.
On sent toutefois un regard mature sur les situations…
Si on regarde la violence ou la dureté de certaines choses, c’est quand même toujours désamorcé par l’humour. Parce que les seuls personnages ridicules et franchement comiques du film, ce sont les méchants. Donc, ils apportent à la fois la menace et l’humour.
Votre type de dessin animé est aux antipodes des Lorax, Arrietty et autres Monstre à Paris qui se retrouvent sur les écrans de cinéma…
Le style vient de Jean-Loup. J’écris le scénario, lui crée le graphisme, et on réalise tous les deux. Comme ses références ne viennent pas du dessin animé, ça tranche avec le reste. Il prend plus ses influences dans la peinture ou la bande dessinée.
Qu’est-ce qui est le plus important : la qualité du scénario ou celle de l’animation?
Disons que le plus difficile, c’est d’arriver à avoir quelque chose qui soit cohérent de bout en bout. Si le scénario est bien et que la forme n’est pas belle, on ne s’intéressera pas à l’histoire. Et l’inverse est aussi vrai… La seule difficulté supplémentaire qu’a le scénariste, c’est qu’il doit trouver le point de départ, ce qui lance toute la machine. Mais une fois qu’on l’a trouvé, c’est monstrueux comme travail! (Rires)
Une vie de chat
En salle dès vendredi