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Remember: la mémoire dans la peau

Dans Remember, d’Atom Egoyan, Christopher Plummer joue un survivant de l’Holocauste qui part à la recherche de l’homme qui a exterminé sa famille il y a près de 70 ans. Photo: Sophie Giraud

Atom Egoyan embrasse le suspense pur et dur avec Remember, sorte de Memento où des héros du quatrième âge traquent un nazi.

Un survivant de l’Holocauste (Christopher Plummer) part à la recherche de l’homme qui a exterminé sa famille il y a près de 70 ans. Seul petit hic : notre héros souffre de démence, ce qui risque d’affecter son plan de vengeance.

«Je n’ai jamais vu un personnage comme ça, admet Atom Egoyan, rencontré au Festival du nouveau cinéma. C’est une quête incroyable qu’il mène. Et lorsque tu penses savoir où s’en va l’histoire, il y a des revirements qui t’obligent à tout reconsidérer. C’est assez surprenant et provocant.»

Tout en revisitant ses thèmes fétiches (l’aliénation, la notion d’identité, les blessures d’antan qui sont toujours aussi vives) au fil de ce scénario écrit par Benjamin August où la morale est particulièrement ambiguë, Remember permet au cinéaste canadien d’origine arménienne de s’intéresser à un seul personnage – chose rare pour lui – dans une sorte de road movie linéaire et sans retours en arrière, où la caméra mobile qui filme au plus près évoque ses premiers efforts (l’époque de Next of Kin).

Au sein d’une distribution de vieux routiers (Martin Landau, Bruno Ganz, Henry Czerny…) trône le grand Christopher Plummer, qui porte littéralement le long métrage sur ses épaules.

«C’est une performance radicale, admet le réalisateur, admiratif, en parlant de l’acteur qu’il a déjà dirigé dans Ararat. Dans mes autres films, il y a toujours un contexte, des motivations, des raisons qui amènent de la tension à l’interprétation. Là il n’y a pas de sous-texte. Christopher joue le moment présent avec un énorme sentiment d‘urgence, en s’investissant complètement. Je ne peux imaginer personne d’autre dans ce rôle.»

Remember
En salle dès aujourd’hui

La peur du changement
Les temps changent. Pendant 20 ans, les œuvres d’Atom Egoyan ont pratiquement toujours été admirées et louangées. Mais depuis environ une décennie, son travail semble être remis en question.

«Dans la première partie de ma carrière, j’ai fait des films qui m’étaient propres, tente d’analyser Atom Egoyan. Avec Where the Truth Lies, je me suis mis à toucher au film de genre, mais j’ai rapidement laissé tomber ça pour faire Adoration. Depuis, je ne fais que des films de genre:le suspense érotique (Chloe), le drame judiciaire (Devil’s Knot) et le thriller mystérieux (The Captive, et maintenant Remember). Je crois que les gens qui sont habitués à ce que je faisais avant n’acceptent pas que je m’essaye à d’autres genres de films. Mais je ne veux pas me répéter. Je ne veux pas faire The Sweet Hereafter encore et encore.»

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