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La vanité: Le ciel peut attendre

Photo: Axia films

Une comédie sur un sujet aussi épineux que le suicide assisté? L’idée n’a pas découragé Lionel Baier, qui a relevé le défi en réalisant son déridant La vanité.

«Il y a des gens qui s’excusent d’avoir rigolé pendant le film, confie en entrevue Lionel Baier, rencontré au dernier Festival du nouveau cinéma. Mais c’était fait pour ça!» Puis il y a ceux qui sont médusés que le long métrage cherche à être comique et dramatique à la fois. «Le fait que le film soit entre ces deux pôles est une espèce de troisième voie qui est parfois difficile à prendre. Surtout à notre époque où on catégorise tout.»

L’euthanasie étant légale en Suisse, le metteur en scène a imaginé une histoire parfois absurde et entièrement concoctée en studio où la mort prochaine d’un architecte (Patrick Lapp) a des répercussions directes sur une femme d’origine espagnole (Carmen Maura, actrice fétiche d’Almodovar) et un prostitué (Ivan Georgiev) qui sont réunis dans le même motel. On pense au délicieux The Trouble With Harry d’Alfred Hitchcock, avec une pincée d’Ernst Lubitsch et de David Lynch.

«Souvent, les sujets graves se prêtent vraiment bien à des traitements comiques.» -Lionel Baier, réalisateur de La vanité

«J’ai souvent peur que les films deviennent des films à thèse autour du suicide assisté ou de l’euthanasie, ce que je ne voulais pas du tout, avoue le réalisateur, qui a goûté à la célébrité avec son truculent Un autre homme. J’ai l’impression que l’humour permet de faire un petit pas de côté pour mieux observer la situation.»

Le recours à l’humour lui permet notamment de mieux cerner son héros bourgeois qui est à l’hiver de sa vie, à l’image du motel qu’il a conçu et qui tombe en décrépitude. «Un architecte voit son rêve se détériorer avec le temps, dit le cinéaste, qui aimerait bien tourner un de ses prochains films avec une distribution en bonne partie québécoise. Ça nous permet de faire un lien avec les 50 années qui ont passé. Il était confronté à une série de choix neufs, comme la pilule et l’avortement. Aujourd’hui, il a le luxe de réfléchir à la manière dont il va mourir. Cet acquis social n’est pas universel, parce que ce n’est pas tout le monde qui a vécu le même siècle que lui.»

L’ABC d’une comédie réussie
Réussir à faire rire n’est pas une sinécure. Le réalisateur Lionel Baier a peut-être trouvé une formule gagnante.

«Je crois que quand on se décide à faire un film drôle, il faut tout faire très sérieusement. Il ne faut jamais demander aux acteurs de jouer la comédie, il ne faut jamais les écrire comme des personnages de comédie. Il faut être très rigoureux dans ce qu’ils sont; c’est après que la bizarrerie et l’émotion vont naître. Le grand danger lorsqu’on dirige une comédie, c’est qu’on espère être drôle. Ce qui est grave, c’est lorsque le film nous force à rire contre notre volonté.»

La vanité
En salle vendredi

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