Xavier Dolan: «Je n’ai pas douté de mon film»
C’est avec passion que Xavier Dolan est revenu sur son séjour à Cannes, où son film Juste la fin du monde a remporté le prestigieux Grand Prix et le Prix œcuménique.
Il y avait foule à l’aéroport Montréal-Trudeau. Photographes et caméramans attendaient avec impatience le réalisateur québécois et ils se sont jetés sur lui comme une meute de loups, obligeant même une relationniste à les ramener à l’ordre.
Le cinéaste de 27 ans semblait encore flotter sur un nuage, même s’il contenait ses émotions. Il en fallait, de la maîtrise, pour ne pas se laisser emporter par le tourbillon de la dernière semaine, où il s’est fait malmener par les critiques américaines.
«C’est dur d’accepter la cruauté, et Cannes est un endroit qui est très passionné et qui peut être très cruel, s’est rendu compte le metteur en scène. Quand les critiques sont sorties, je n’ai pas douté de mon film. Pour moi, c’est encore mon film préféré.»
Selon ses dires, il ne s’est jamais autant investi que dans cette histoire familiale «pleine d’amour et de désespoir», qui est adaptée de la pièce de théâtre du même titre de Jean-Luc Lagarce, et dans ces personnages imparfaits qui sont campés par Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Léa Seydoux et Vincent Cassel.
«Je n’ai pas besoin de Palme d’or dans la vie. J’ai besoin que les films que je fais soient compris, appréciés et aimés. J’ai besoin de savoir qu’il y a quelqu’un au bout du fil, que je ne m’adresse pas à un mur.» –Xavier Dolan, au sujet de l’importance que son travail trouve un public
«Peut-être que les journalistes voulaient Mommy 2? s’est questionné en souriant le réalisateur, faisant référence à son précédent long métrage qui a remporté le Prix du jury en 2014. Ce n’est pas Mommy 2 et ça ne le sera jamais. Le retour de la momie doit être sur illico quelque part. Mais moi je ne peux pas passer ma vie à raconter les mêmes histoires de la même façon.»
Visiblement séduit par cette prise de risque, le jury présidé par le réalisateur australien George Miller (Mad Max) lui a attribué la deuxième distinction la plus importante du Festival. Une première historique pour un cinéaste québécois. «C’est sûr que c’est un honneur, laisse savoir celui qui a déjà six films au compteur. Surtout de savoir que c’est Ken Loach qui a gagné la Palme d’or. Un cinéma dont on gagnerait tous à s’inspirer.»
«Né» à Cannes en 2009 avec J’ai tué ma mère, Xavier Dolan sent qu’un cycle se terminera avec The Death and Life of John F. Donovan, qu’il compte tourner dans les prochaines semaines. Des projets télé risquent de l’éloigner du plus grand festival du septième art pendant des années, notamment de cette Croisette où la majorité de ses films ont été présentés. «Je suis heureux de quitter avec dignité et l’approbation de mes pairs», dit-il. On ne doute pas un instant qu’il y retournera un jour.
Juste la fin du monde
À l’affiche le 21 septembre