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Cure de jouvence

Photo: Josie Desmarais/Métro

Vous savez, ces groupes qui font leur comeback et ne jouent que leur nouvel album dont tout le monde se contrefout? Ces groupes qui font la gueule et catapultent leurs tounes pour le cachet, «merci Montevid… pardon Montréal»? Qui arrivent deux heures en retard? Qui envoient promener la foule qui réclame ne serait-ce qu’un p’tit meilleur greatest hit au singulier? Ben pas The Cure.

The Cure, c’est des émotions et du eyeliner. C’est aussi, pour beaucoup de fidèles, replonger dans le passé des années 1980-1990. Revivre le bal des finissants, la bière dans le parking, les cours passés à écrire «mon prénom + son prénom = love» dans l’agenda avec un cœur, ou autres variantes de romantisme adolescent. C’est surtout plein de bonnes chansons, certaines particulièrement sombres et dépressives, d’autres teintées de sonorités cristallines, d’accords accrocheurs, de paroles où l’amour scintille.

Avec sa belle voix caverneuse n’ayant pas subi les effets dérivés du rock, Robert Smith a lancé la soirée au Centre Bell avec deux titres de Bloodflowers, album paru en 2000 et mis à l’honneur hier soir. Peut-être un peu trop au goût de certains… N’empêche. La bande britannique nous a ainsi entraînés Out of this World, tandis que défilait en arrière-plan une vidéo de circonstance de notre planète, puis a enchaîné avec Watching Me Fall, pendant laquelle on a pu, nous, voir des flocons tomber sur les écrans et entendre Rob S. clamer qu’il se voyait disparaître, avant d’évaluer l’état de la nuit qui était, bien sûr, «always young». Et c’est vrai qu’elle était jeune, la nuit, car il restait encore trois heures de prestation.

«…» –Robert Smith, qui est resté muet entre les chansons

Après ce départ un peu… disons, sobre, plutôt que de se désintégrer, oh Desintegration, l’ambiance s’est solidement réchauffée, et l’énergie est montée en flèche avec l’immortelle et entraînante Pictures of You, accotée plus tard en termes d’effervescence par le classique des classiques Lovesong, repris depuis sa sortie par tout le monde et son frère (et Adele), mais insurpassable dans sa version originale (discussion de machine à café en vue : quelle est la meilleure reprise de Lovesong? Débattez).

Certes, un néophyte aurait pu trouver l’ensemble un peu (pas mal) statique, et un amateur exclusif des tubes Friday, I’m in Love et The Lovecats (laissés de côté, au désespoir de plusieurs) aurait assurément été déçu. Reste que la plupart des fans étaient là pour la musique, l’ambiance et les morceaux magiques comme High, l’éclatante Push ou encore In Between Days, qui a soulevé la foule, suivie de Just Like Heaven, «show me show me show me how you do that trick».

Trame sonore de vie et d’histoires de cœur douloureuses, le concert a été l’occasion de revisiter la discographie d’un band majeur sans distractions scéniques majeures non plus, de type danseurs et chorégraphies (si ce n’est celles, sympathiques, des sporadiques spectateurs-danseurs, comme notre adorable voisin oyoyoy, qui revivait clairement ses folies de jeunesse en exécutant un jive nouveau genre).

Côté «interventions parlées», ce fut assez limité, pour ne pas dire complètement mort. Robert Smith a adressé, après deux heures, à peine quelques mots en vitesse à la foule, inintelligibles de l’endroit où nous nous trouvions. Plutôt que de s’attarder aux banalités, la bande s’est lancée dans un moment plus relaxe/introspectif avec The Last Day of Summer. Puis, faisant ainsi écho au commencement du concert, le groupe a conclu la prog principale avec 39, tirée, à nouveau, de Bloodflowers, complétée par la pièce-titre de ce dernier. Un disque plus pesant, lugubre, où la batterie de Jason Cooper se fait plus militaire, lourde, et où résonnent les mots «die», «pain» et variations sur le même thème.

Notons ici que sur A Night Like This, Robert chante: «Oh oh oh, I want to change.» Et certains fans auraient probablement aimé que la playlist change aussi. Mais dans notre cœur à nous, c’était parfait comme ça.

N.B.: Entre moult autres choses, The Cure nous a appris que «Les garçons ne pleurent pas». Mais hypothétiquement, s’ils le faisaient, on estime que c’est sûrement avec cette chanson qu’ils concluraient leur set.

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