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Michael Applebaum: «je n’ai jamais rêvé d’être maire de Montréal»

Photo: Yves Provencher/Métro

Michael Applebaum n’a jamais rêvé d’être maire de Montréal. Et pourtant, depuis le 16 novembre, il occupe – de façon intérimaire – cette prestigieuse fonction à l’hôtel de ville de Montréal. L’ancien maire de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce soutient être l’homme de la situation pour diriger la métropole du Québec marquée au fer rouge par les nombreux scandales de corruption.

Comment en êtes-vous venu à la décision de vous présenter à la mairie de Montréal?
Quand j’ai entendu les allégations au sujet de Montréal à la Commission Charbonneau et que j’ai vu les gens perdre confiance dans les élus, j’ai expliqué à Gérald Tremblay, le maire de Montréal, que certains correctifs devaient être apportés au fonctionnement de la Ville, mais il avait déjà décidé de quitter. J’ai pensé que j’étais la meilleure personne pour relever le défi en raison de tous les postes que j’ai occupés dans le passé. La seule personne que je devais consulter était ma femme, pour m’assurer qu’elle accepte que je fasse ce travail et que je passe plus de temps à l’extérieur de la maison. L’avis de ma femme, avec qui je suis marié depuis 28 ans, était très important pour moi. Elle m’a toujours soutenu dans ma carrière politique. Elle m’a dit qu’elle savait que c’était un gros travail, mais qu’elle savait que j’étais déterminé.

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Vision Montréal et Projet Montréal n’ont pas voulu vous donner officiellement leur appui à la veille de l’élection du maire intérimaire. Pourquoi, selon vous?
C’était important de laisser tout le monde voter comme il le voulait. Ce n’est pas un petit dossier d’élire un nouveau maire de Montréal.

Est-ce que ç’a été difficile de discuter avec vos anciens collègues d’Union Montréal?
Ça a pris plus de temps pour rencontrer Richard Deschamps. Sa vision était complètement différente de la mienne. Je voulais une coalition, mais il pensait que la stabilité était préférable. Il voulait garder tout le pouvoir au sein d’Union Montréal. Ça a pris du temps avant qu’il accepte de me suivre et de siéger au comité exécutif avec des membres de sa formation politique. Ce qu’il faut retenir, c’est que je n’ai jamais négocié. Je suis arrivé avec mon plan d’action et ma vision et je n’ai pas changé d’idée. Quand Richard Deschamps dit qu’il a eu trois membres au comité exécutif au lieu de deux, ce n’est pas vrai. Il y avait une élue qui avait accepté d’y siéger sans qu’il ait donné son accord. Il restait donc deux places à Union Montréal. Richard Deschamps voulait montrer qu’il était capable d’aller chercher une place de plus, mais dans mon scénario, il y a toujours eu trois sièges pour Union Montréal.

Avant de devenir maire de Montréal, vous avez occupé de hautes fonctions au sein d’Union Montréal. Craignez-vous que cette étiquette vous colle à la peau?
Non. Pas du tout. Je n’étais pas au comité exécutif lorsque se sont produits les scandales qui [ont été soulevés] à la Commission Charbonneau. Je suis arrivé en 2009, mais j’avais un petit poste. J’étais responsable des sports et loisirs. Après les dernières élections municipales, je suis devenu vice-président et ensuite président du comité exécutif.

Comment réagissez-vous aux critiques acerbes d’Alan DeSousa et de Claude Trudel?
Mon objectif, c’est de mettre de côté la partisanerie politique, de travailler dans le meilleur intérêt des citoyens et de m’assurer que l’administration de Montréal est responsable. Si M. DeSousa ou M. Trudel croient que les anciennes façons de faire permettaient de mieux gérer la Ville de Montréal, je respecte leur opinion. Je pense toutefois que c’est avec une coalition qu’on devrait administrer la Ville.

Lors de l’adoption des amendements sur les hausses de taxes, vous avez dit en conférence de presse que Gérald Tremblay savait dès le départ que le budget était voué à l’échec. Vous avez malgré tout présenté un budget assorti d’une hausse de 3,3 %. Pourquoi?
J’ai toujours dit qu’on devait augmenter les taxes municipales selon le taux d’inflation de 2,2 %. La Commission de l’eau et de l’environnement a aussi proposé une augmentation de 1,1 % pour les infrastructures de l’eau. Quand j’ai parlé avec le maire, je lui ai dit que les citoyens n’étaient pas contents de ce qu’ils entendaient à la Commission Charbonneau et qu’il fallait trouver une solution. Le maire m’a répondu que la hausse de 3,3 % ne passerait pas, qu’il fallait regarder les différents scénarios. Je lui ai demandé si les élus et la population approuveraient une augmentation de 2,2 %. Il m’a dit qu’il n’en était pas certain. Il m’a expliqué qu’il fallait que je démontre que j’avais compris le message des élus et des citoyens. C’est ce que j’ai fait; j’ai regardé les différents scénarios et j’ai écouté les citoyens. J’ai fait les analyses et j’ai proposé une hausse de 2,2 %. On a décidé d’enlever la taxe d’eau. On n’avait pas besoin tout de suite de cet argent.

Vous semblez très fier de votre coalition. Pensez-vous que la population l’appuie?
Oui. Les citoyens ont été déçus de ce qu’ils ont entendu à la Commission Charbonneau. En formant la coalition, on montre qu’on est capables de travailler ensemble dans le meilleur intérêt de la Ville de Montréal et de nos contribuables. Quand je me promène à Montréal, les gens me disent clairement qu’ils sont fiers et qu’ils sont contents.

Sentez-vous que la population vous appuie comme maire de Montréal?
On ne peut faire plaisir à tout le monde, mais selon un sondage Léger Marketing pour Le Devoir et The Gazette, 69 % des anglophones et 44 % des francophones sont satisfaits de mon élection comme maire de Montréal. Ils vont m’aimer pour les gestes que je vais faire et parce que je vais tenir parole. J’ai déjà dit qu’au cours de mes 100 premiers jours, je créerais une coalition, je ferais adopter le budget, j’ouvrirais le comité exécutif au public et je demanderais des modifications à la loi 1. C’est déjà fait. Je vais aussi mettre en place un comité chargé d’analyser les appels d’offres et les contrats.

Vous avez beaucoup parlé de la lutte contre la corruption. Y a-t-il d’autres dossiers montréalais que vous souhaitez voir aboutir en 2013?
Je veux que la Ville soit propre, efficace, avant-gardiste, dynamique et fière. C’est ma vision. Il faut que la Ville soit propre pour tout ce qui touche l’environnement et la gestion quotidienne. Il faut qu’on soit efficaces pour gérer les fonds publics et qu’on soit en mesure d’écouter la population. Il faut qu’on soit avant-gardistes en cherchant la meilleure façon de donner des services. Il faut que Montréal soit dynamique. Il faut montrer qu’on est capables de développer la Ville de Montréal. Et il faut que les Montréalais retrouvent leur fierté. Ils l’ont perdue au cours des derniers mois. Je pense qu’on est sur la bonne voie.

Avez-vous été blessé par les critiques qui concernaient votre français?
Non. Quand on est en politique, il faut être capable d’accepter les critiques. C’est clair que ce n’est pas la première fois que j’étais critiqué pour mon français et que ce ne sera pas la dernière. Je suis un anglophone. Je suis né à Montréal. Je travaille dans la langue française, et c’est un plaisir pour moi. Je fais des erreurs, je le sais. Si les gens me critiquent seulement sur mon français, sur mon accent ou ma prononciation, ça voudra dire que je fais un bon travail.

POUR MIEUX CONNAÎTRE M. LE MAIRE

  • Un politicien que vous admirez? Barack Obama.
  • Taxi ou transport en commun? Avec mes horaires de travail, c’est très rare que j’utilise le transport en commun. Je ne prends pas le taxi. Je marche beaucoup.
  • Pour ou contre le registre des armes à feu? Pour. C’est très important pour moi de limiter l’accès aux armes à feu.
  • Pour ou contre le mariage gai? Pour. Il faut qu’on respecte les décisions de chacun sans rien enlever aux autres.
  • Pensez-vous que le Canadien de Montréal jouera cet hiver? Si les joueurs retournent sur la patinoire, je serai la première personne à aller les voir jouer. Même s’ils ne jouent pas, je serai présent à l’inauguration de la patinoire extérieure Bleu Blanc Rouge au parc de la Confédération dans NDG.
  • Qu’est-ce que les Montréalais gagneraient à connaître de vous? Les gens qui me connaissent savent que je n’ai pas changé depuis que je suis en politique. Je suis toujours un gars ordinaire. Je suis rentré en politique parce que j’étais contre la fermeture d’une patinoire. J’aime rencontrer des gens, j’aime travailler, j’aime les défis. Je suis un gars ordinaire. Je suis marié depuis 28 ans. Je sors les vidanges. Je coupe mon gazon.

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