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Love: de beauté et de douleur

Photo: collaboration spéciale

La rumeur voulait que ce soit le long métrage le plus osé du festival. Le plus crunchy, le plus tout ce que tu veux. Mais en fin de compte, Love, de Gaspar Noé, c’est un film d’amour… avec des scènes d’amour. «Personne n’est mort sur le tournage, il n’y a même pas de meurtre représenté à l’écran», remarquait hier le cinéaste en conférence de presse. Pourtant, par moments, à entendre les réactions, on aurait dit que c’était la fin du monde.

Par le passé, Gaspar Noé a raconté des histoires dures. Irréversible, par exemple, qui a créé le scandale. Ou encore Seul contre tous. C’est peut-être pour ça qu’on s’attendait à ce que Love soit dur aussi. Implacable, sans lumière, cru. Pourtant, non.

Au cœur de tout, il y a Murphy, comme dans «la loi de». Avec Electra, ils se promettent d’être toujours là l’un pour l’autre. Ce qui est compliqué quand la jalousie, la drogue et d’autres gens entrent dans le portrait. Marqué par les crises, les tromperies, mais aussi par toutes ces déclarations romantiques et ces promesses complètement irrationnelles qu’on peut se faire lorsqu’on est épris, ce récit qu’on devine très personnel pour le cinéaste retrace la folie qui marque les plus grandes passions, dans «toute leur beauté et dans toute leur douleur». «Les pires souffrances que j’ai vécues dans ma vie, ce sont des crises sentimentales, a-t-il confié. Des troubles amoureux, ça peut te niquer la tête!»

Son Love, Noé le présente en 3D. Chose qui doit faire plus d’effet lorsqu’on est placé vraiment au centre de la salle, mais dont nous n’avons pu profiter que moyennement de notre coin, tout à gauche («Au moins, comme ça, on va éviter les gouttelettes!» nous a joyeusement lancé notre voisin de siège. Dude.) Bref, pour expliquer le choix de la 3D, le cinéaste d’origine argentine a confié s’être demandé: «Quel est le prochain jeu auquel je n’ai pas joué?» C’était celui-là.

«Je faisais un film sur l’amour. Je n’étais pas en train de faire un film sur les banques suisses ou sur la scientologie.» – Gaspar Noé, sur le fait que oui, les scènes de sexe font partie de la vie

Ajoutant trouver «très, très drôle d’être à Cannes», le réal s’est désolé des «structures légales et commerciales» qui rendent selon lui le 7e art trop pudique. Et incompatible avec certaines réalités. «Tout le monde rêve de ça. Tout le monde ne pense qu’à baiser. Dans la vie, y a des amis qui aiment l’argent, y en a d’autres qui aiment la coke, y en a d’autres qui aiment, je sais pas, le cinéma, mais le point commun de presque tout le monde, c’est que tout le monde n’a qu’une obsession, et elle est de nature sexuelle. Pourquoi est-elle toujours aussi mal représentée au cinéma?»

Actors Aomi Muyock, left, Klara Kristin, center, and director Gaspar Noe pose for photographers during a photo call for the film Love, at the 68th international film festival, Cannes, southern France, Thursday, May 21, 2015. (AP Photo/Lionel Cironneau)
«Je n’ai pas l’impression qu’il y a la moindre transgression dans le film. Il n’y a rien là qu’on n’ait pas vu ailleurs. C’est un film sur la vie. Pourquoi les aspects qui font partie des moments les plus glorieux de l’existence de tous, quels que soient leurs préférences, leur religion ou leur âge, ne devraient-ils pas être représentés?» a remarqué hier Gaspar Noé au sujet de son Love, présenté hors compétition (et qu’on voit ici avec Aomi Muyock et Klara Kristin)./Lionel Cironneau/AP

Autre chose contre laquelle il s’est insurgé: ces films qui ne l’«intéressent pas» et dans lesquels «un gars joue le gentil et l’autre le méchant». «Je n’ai pas voulu flatter le personnage», remarque-t-il. Ainsi, Murphy n’est ni «un bon», ni «un vilain», juste un type qui rêve de devenir réalisateur, qui fait du mal à celles qu’il aime, qui se fait faire mal à son tour, qui fait des choses stupides, qui en fait d’autres comme il faut.

«L’idée, a résumé Noé, c’était de faire un film qui raconte l’état amoureux du côté sexuel. Parce que souvent, c’est par là que l’amour passe.» N’empêche, ce procédé semble déstabiliser. «Comment vos parents et vos proches ont-ils réagi en vous voyant tourner ces scènes?» ont voulu savoir certains. Question à laquelle Karl Glusman, qui incarne le personnage principal, a eu la spirituelle réponse: «Ma mère n’était pas vierge lorsque je l’ai rencontrée. Elle était très fière.»

https://www.youtube.com/watch?v=bkrxAVMIpps

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