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Métro dans le métro avec Marcel Côté

Photo: Yves Provencher/Métro

À moins de deux semaines du scrutin du 3 novembre, Métro a décidé de prendre le métro avec les cinq principaux candidats à la mairie de Montréal. Tout en parcourant la ligne verte, les candidats ont dû expliquer leurs priorités, leur vision et les défis que représente une campagne lancée sur les cendres d’une administration malmenée.

Marcel Côté
Les journalistes qui l’ont suivi l’ont remarqué: à 71 ans, Marcel Côté est en pleine forme.

Au sortir d’un débat sur la place de Montréal à l’international et quelques heures avant l’enregistrement de l’émission Tout le monde en parle, il marche d’un pas rapide vers le métro. Quel est le secret de la forme?

«Je ne sais pas. Je crois que c’est parce que j’ai toujours aimé mon travail, mis à part à mes débuts, quand j’étais professeur», lance l’économiste et ancien cofondateur de la firme Secor, avant de sortir sa carte OPUS et de donner des pièces de monnaie à son attaché de presse…

Viau

On a ici un exemple de revitalisation d’un site délaissé depuis les Jeux olympiques. Avez-vous des projets de ce genre dans vos cartons?

Plusieurs. Mais le grand projet qui marquerait mon mandat serait l’amorce du redéveloppement du Vieux-Port après l’élimination de la voie ferrée qui paralyse le développement depuis 30 ans.

Tous les vieux ports en Amérique ont été développés, sauf celui de Montréal. Il faudrait retirer les rails utilisés pour le transport de marchandises, en échange du réaménagement d’un autre accès plus à l’Est. On pourrait alors développer le site des silos, installer une gare maritime avec un hôtel, ainsi que des appartements sur les quais qui sont actuellement occupés par des stationnements.

PieIX

Le projet de SRB sur le boulevard Pie-IX qui piétine est un exemple, selon vous, de la «connerie montréalaise». Expliquez-nous…

Je n’ai pas dit la «connerie des Montréalais», j’ai peut-être dit «un exemple de connerie». Montréal n’est pas bon dans la gestion des projets, ni dans la médiation, on le voit avec les querelles d’arrondissements. On travaille pendant deux semaines et après on ne fait rien pendant six mois en laissant des cônes orange. Alors ce projet sur Pie-IX, ça va prendre 20 ans à se concrétiser au lieu de deux années. Il faut revoir les processus de gestion.

Joliette

On est dans l’un des quartiers pauvres de Montréal. Avez-vous déjà vécu la pauvreté? En quoi vos solutions pour lutter contre elle se distinguent-elles des autres?

J’ai vécu dans un milieu modeste, dans l’une des villes les plus pauvres du Québec, mais mon père était, toute proportion gardée, l’un des plus riches. On n’avait pas de voiture, j’avais le linge de mes frères. Mais la pauvreté, c’est relatif. Dans un sens, on était très riches.

Notre programme est centré sur la construction de logement social et sur la salubrité. C’est vrai que les autres politiciens proposent la même chose. Il reste à trouver celui qui sera capable de faire des choix difficiles et celui qui est entouré de gens qui y croient profondément.

Je crois qu’avec l’héritage de Vision Montréal et, dans Verdun, de celui d’Alain Tassé, nous avons des candidats profondément implantés dans le milieu communautaire.

Prefontaine

On est dans Hochelaga, le fief de Louise Harel, votre partenaire de la Coalition. En 2009, vous avez voté pour Gérald Tremblay alors que tout ce qu’on entend à la Commission Charbonneau aujourd’hui sortait déjà dans les médias. Pourquoi?

Il y a une pluralité de Montréalais qui ont fait comme moi. Je connaissais aussi Gérald Tremblay assez bien et je continue de croire en sa probité. Par contre, je ne connaissais pas Louise Harel. Tout l’épisode de M. Labonté m’avait choqué et c’était très près de Madame Harel. Maintenant, si c’était à recommencer, je ne ferais pas pareil.

Frontenac

C’est votre première campagne électorale. Quelle impression avez-vous de ce processus?

Il s’agit de se faire connaitre par le plus grand nombre, c’est tout un exercice. Pour les individus, c’est une question de contact, alors on salue, on serre des mains pour qu’ils mettent un nom sur un visage, sur des idées.

Les médias ont un travail un peu plus lourd de médiation, c’est-à-dire de prendre mes idées et de les communiquer à la population. Ça, je trouve ça un peu plus difficile, car au-delà du travail de médiation, de transmission des idées, ils transmettent ma stratégie électorale, mes bons et mes mauvais coups, un peu comme une partie de hockey. Il faut que je m’habitue, mais globalement, je m’amuse. J’ai vu des situations plus tendues que ça dans ma vie, dans des cas de restructuration d’entreprises, par exemple.

Quand je vais restructurer la Ville de Montréal, il va y avoir beaucoup plus de tensions que nous devrons gérer. Car les maires qui ratent leur coup sont les maires qui n’ont pas été capables de prendre des décisions difficiles.

Papineau

Vous citez le parc des Faubourgs et ses vues pourtant enlaidies par d’énormes panneaux publicitaires comme l’un des beaux endroits de Montréal. Devrait-on éliminer certains de ces panneaux?

L’art du parc est un grand art. En tant que membre des Amis de la montagne, j’ai souvent voulu protéger les vues. Dans le cas précis du pont Jacques-Cartier, je crois que la Ville devrait racheter les droits aériens sur l’édifice qui jouxte le pont, ou à la limite déplacer les grands panneaux. Le prochain plan de zonage et d’urbanisme devrait prendre en compte les vues.

Beaudry

Vous vous décrivez comme un conservateur à tendance libertarienne. Que pensez-vous de l’homoparentalité?

C’est un choix de vie. Les études ont démontré que les enfants issus de ces ménages ne sont pas indument affectés. Je crois que c’est quelque chose qui restera restreint, mais oui, je suis partisan de la diversité. Vous savez, sur le plan social, je suis plus libertarien que conservateur.

BerriUqam

Lors du printemps érable, vous avez comparé le fonctionnement des associations étudiantes à la mafia…

Ma déclaration, c’était avant que je sois politicien et que je doive adopter la langue de bois! C’était très imagé et je le regrette, sauf que je ne recommanderais pas aux gens de faire des grèves avec 10%.

Et le règlement P-6?

Oui aux masques théâtraux, non aux masques pour se cacher. Non aux arrestations massives, mais oui aux itinéraires avant de commencer la marche. Et surtout, ouvrons le dialogue pour éviter d’en arriver là.

SaintLaurent

Question suggérée par une lectrice, Anne-Marie Gélinas (@annemariecherie), sur Twitter: Pourquoi faire campagne dans une mosquée alors que vous prônez l’équilibre hommes femmes dans votre équipe?

Je vais dans les églises catholiques même si les femmes ne peuvent être prêtres ou être évêques. Je recommanderais aux Québécois qui ne connaissent pas la religion musulmane d‘aller dans une mosquée lors de la prière du vendredi. Ils vont découvrir une nouvelle réalité, des gens qui veulent le bien, des gens qui veulent être acceptés sans renier leurs croyances. C’est une cérémonie émouvante, très simple et très joyeuse en même temps. Je respecte le choix des hommes et des femmes qui ont choisi cette religion.

Placedesarts

Denis Coderre n’est jamais allé au Musée d’art contemporain, n’a jamais testé BIXI et utilise peu le métro. Qu’en pensez-vous?

Ça me surprend, mais ça veut dire que ce n’est pas complètement un résident de Montréal. Vivre dans une grande ville c’est aller au centre-ville, aller à la Place-des-arts, visiter les musées etc. Denis Coderre ne connaît pas la grande ville et c’est malheureux, parce qu’on peut revendiquer le poste de maire sans connaître la grande ville… Je n’aime pas parler de mes adversaires par contre…

McGill

On est à deux pas de chez vous, mais on vous connaît peu. Avez-vous une famille, quelles sont vos passions?

J’ai une conjointe, la même depuis 40 ans. Je reste dans le même appartement depuis 30 ans. Je suis un urbain, je marche beaucoup en ville, je fais du vélo, je vais au théâtre, au cinéma, dans les cafés. Par contre, je n’ai jamais été jusqu’ici un homme politique ou un homme public. Mais je soutiens les arts, je suis très actif dans les organismes communautaires et dans le soutien de la culture. Des enfants? Nous n’avons pas eu d’enfants… À cause de votre travail? En raison de la vie professionnelle, mais aussi le fait qu’on n’était pas marié. Finalement, le temps a passé et c’était trop tard…

GuyCondordia

Selon vous, la Ville et l’économie montréalaise devraient beaucoup plus miser sur les étudiants étrangers? Comment?

D’une part, on assisterait les universités dans leurs relations avec le gouvernement du Québec, qui ne comprend pas bien les universités montréalaises. Il y a 12 000 étudiants qui viennent de l’extérieur du Québec, on devrait beaucoup plus miser sur eux en leur offrant plus de logements étudiants, en donnant des visas de travail aux conjoints et conjointes pour faire de Montréal une des grandes villes étudiantes au monde et passer de 17 000 étudiants étrangers à 25 000 ou 30 000. On oublie parfois que ce secteur représente 2,5% du PIB de la métropole, c’est un secteur à fort potentiel.

Atwater

Quelle sera votre priorité si vous êtes élu à la mairie?

Transformer profondément la gestion à la Ville pour que ce qui est arrivé ne se reproduise pas et pour plus d’efficacité. Regardez les chantiers de construction sur les rues qui sont inactifs pendant des semaines, le coût élevé de certaines choses, l’état délabré des infrastructures. Est-ce normal d’avoir eu 11 directeurs généraux en 12 ans, des ordres du jour de 50 pages au conseil de ville, qu’il n’y ait aucun responsable des Finances en titre au comité exécutif? On peut ramener ça ultimement à des problèmes de gestion…

Et supprimer le tiers des postes de haute direction à Montréal?

À travers mes expériences dans des sièges sociaux et des entreprises, on est déjà arrivé à réduire de la moitié voir plus. On y arrivera en revoyant tous les processus de gestion de la Ville pour les simplifier.

LionelGroulx

La station tient son nom d’un prêtre catholique. Quelle place tient la religion dans votre vie? Que pensez-vous du projet de Charte?

Je suis agnostique, mais je suis respectueux des religions des autres.

Le débat sur la Charte est malheureux et presque anti-islam, on ne parle que peu des signes des autres religions. C’est aussi un débat qui ne devrait pas se faire à l’aube d’une campagne électorale.

Je n’ai pas de problème avec le voile, mais je ne veux pas non plus que la religion entre dans l’État. Il y aurait donc lieu de légiférer, mais pas de cette façon… Si je suis élu, il n’y aurait plus de crucifix à l’Hôtel de ville, mais je ne suis pas contre une période de recueillement.

***
Quiz : Connaissez-vous votre métro?

À quelle station faut-il descendre pour aller à l’hôtel de ville?
Champ-de-Mars

Combien de stations compte le métro sur le territoire de Montréal?
Il entreprend de les compter sur la carte du réseau… échec

Quel est le coût d’une CAM pour étudiants?
42$, non?

Quelles sont les deux stations de métro les plus éloignées l’une de l’autre?
Berri-UQAM et Jean-Drapeau

Quel est le nom du directeur général de la STM?
Un monsieur Blier, non?

*** Réponses: Champ-de-Mars, 64, 45$, Berri-UQAM et Jean-Drapeau, Carl Desrosiers.

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