Fini les bars et les salles de spectacles sur Prince-Arthur Ouest
La rue Prince-Arthur Ouest, entre la rue Clark et le boulevard Saint-Laurent, aura des activités commerciales moins intensives, si le nouveau règlement d’urbanisme du Plateau-Mont-Royal modifiant certains coins de rues et tronçons, est adopté. Alors que de nombreux intervenants déploraient le déclin de l’artère depuis plusieurs années, aucun bar ou salle de spectacle ne pourrait désormais s’y installer.
Le tout a été présenté dans le cadre d’une consultation publique, le 27 janvier, à propos du règlement modifiant le règlement d’urbanisme de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, afin de revoir les usages prescrits à proximité de certains coins de rue et sur quelques tronçons. La première motion a été adoptée au conseil d’arrondissement du 2 décembre et son adoption définitive aura lieu le 2 mars, si aucune modification n’est apportée.
La rue perd avec cette modification son usage industriel qui était au préalable permis.
«On permet les cafés-terrasses pour qu’il y ait une continuité commerciale et parce qu’il y en a déjà. On veut toutefois empêcher les usages plus nuisibles comme les salles de spectacles et les bars. Ces types de commerces sont peut-être moins adaptés à la rue Prince-Arthur Ouest, qui a une continuité résidentielle, plutôt que sur Saint-Laurent qui est juste à côté», indique le conseiller en urbanisme du Plateau-Mont-Royal, Simon Lemieux.
Actuellement, à l’ouest de la rue Clark, aucune activité commerciale n’est autorisée. À l’est du boulevard Saint-Laurent, quelques commerces ont pignons sur rue.
Le directeur général de la Société de développement du boulevard Saint-Laurent, Glenn Castenheira, se montre prudent face à cette nouvelle réglementation.
«Présentement, en raison du contingentement, il est impossible d’ouvrir un nouveau bar sur Saint-Laurent, donc ce type d’établissement ne pourrait choisir cette artère à la place. Il est toutefois judicieux de vouloir éviter l’étalement de la vie nocturne dans les zones résidentielles. Cela, toutefois, doit s’inscrire dans une vision plus large et pas seulement dans des interventions à la pièce», indique M. Castenheira.
Révolue, l’époque des bars sur Prince-Arthur
Un seul bar oeuvre sur cette portion de Prince-Arthur Ouest et il se retrouvera en droit acquis, si la modification du règlement est adoptée telle quelle. Trois restaurants et deux cafés-terrasses y trônent également. Ateliers d’artistes, bureaux et écoles spécialisées pourront s’établir au deuxième étage.
D’autres rues sont aussi affectées par cette modification au règlement d’urbanisme. Ainsi, les usages intensifs sur les rues Gilford, entre Saint-Denis et Resther seront interdits. Actuellement, de nombreux bureaux, sont aménagés.
«En ce moment, le même usage que sur l’avenue du Parc était permis sur la rue Gilford, ce qui n’est pas logique. Avec la nouvelle réglementation, ce seront surtout des bureaux d’affaires qui persisteront sur ce tronçon», continue M. Lemieux.
La rue Saint-Dominique, parallèle au boulevard Saint-Laurent, connaîtra aussi des modifications urbanistiques. 25% des bâtiments ont une façade sur les deux rues et dans 80% des cas, l’espace est utilisé pour du stationnement. Seulement 14 commerces ont leur entrée sur Saint-Dominique. Les usages à cet effet seront désormais interdits sur l’axe nord-sud, mais permis sur les coins de rue est-ouest.
Enfin, le tracé urbanistique de plusieurs coins de rues a été revu pour empêcher les propriétaires possédant des édifices sur des rues résidentielles de profiter du zonage commerciale de la rue voisine. Des délimitations approximatives des zones expliquent ces anomalies réglementaires.
Un résident du quartier, Charles Bouclé, a d’ailleurs été évincé de son logement de la rue Clark, parce que le propriétaire a décidé de louer à un commerce, profitant du fait que son immeuble était entre la zone des rues Prince-Arthur et Clark.
«Ça faisait des années que c’était résidentiel et là, c’est devenu une épicerie», raconte-t-il.
Le conseiller de Ville du Mile End, Richard Ryan, souligne que la pression sur le marché immobilier est forte et que les spéculateurs profitent de ces vides réglementaires pour la conversion
«On a un des plus bas taux d’inoccupation des logements à Montréal, ce qui crée beaucoup de pression, alors il faut s’assurer que des cas comme celui de M. Bouclé se produisent le moins souvent possible», affirme M. Ryan.