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L’École Espace-Jeunesse craint pour son avenir

Photo: Nafi Alibert

Figure de proue dans la lutte contre le décrochage scolaire, l’École Espace-Jeunesse, une école secondaire spécialisée de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) pour les élèves présentant des défis d’adaptation et des troubles du comportement, craint que les coupures annoncées par le gouvernement ne nuisent à la qualité de leurs programmes.

François-Olivier Pinard Herkel est enseignant depuis huit ans à l’école secondaire Espace-Jeunesse. S’il a tenu à souligner l’« ouverture exceptionnelle » et « l’approche inclusive et innovatrice » de la CSDM, lors du dernier Conseil des commissaires, il a aussi rappelé que leur soutien financier constituait une des pierres angulaires indispensables à la réussite de leurs programmes.

« On reconnaît l’engagement de la CSDM qui nous a permis de devenir un exemple à suivre. Mais aujourd’hui, la CSDM se fait imposer des compressions de la part du gouvernement, c’est pourquoi notre action s’inscrit dans le cadre d’une démarche à visée provinciale », précise M. Pinard Herkel.

Une école pas comme les autres
Si la tendance se maintient, c’est la moitié du personnel enseignant de certains programmes de l’École Espace-Jeunesse qui risque d’être de perdre leur poste à la rentrée prochaine.

« Si le ratio maître-élève s’arrime avec ce qui est la norme au Québec pour des classes du genre, c’est-à-dire passer de deux enseignants à un enseignant pour 11 élèves, c’est pratiquement l’essentiel de notre service en soutien Émotif qui disparaîtra », a prévenu l’enseignant.

Soutien Émotif est un service avant-gardiste offert à 63 élèves répartis en 6 classes qui souffrent de troubles de santé mentale. Contrairement aux autres programmes similaires, Soutien Émotif accepte aussi les jeunes qui sont encore en attente de diagnostic.

« Cette école a changé la vie de mes deux filles qui ont réussi à évoluer positivement tant à l’intérieur de cet établissement que dans la vie de tous les jours », témoigne Carolyne Bilodeau. Âgée de 17 ans, sa fille d’adoption, Amy a pu réintégrer l’école « régulière » après avoir fréquenté l’École Espace-Jeunesse. Sa cadette, Angel-Stefannie qui est aussi atteinte de divers problèmes mentaux, a elle aussi fait d’« incroyables progrès », depuis qu’elle est inscrite dans l’établissement.

Pour M. Pinard Herkel, ces progrès sont rendus possibles, car le personnel plus que leur « simple rôle » d’enseignant puisqu’ils accompagnent aussi les familles à s’orienter vers les services adéquats. Ce dernier craint de voir le taux de décrochage de ces jeunes augmenter de 10 à 15% si les programmes ne sont plus financés comme ils le sont actuellement. « Or la lutte contre le décrochage scolaire est un des défis avoués du Ministère de l’Éducation et de la CSDM », ajoute-t-il.

L’École a d’ores et déjà reçu de nombreux soutiens de divers élus, organismes et autres institutions qui se disent tous grandement préoccupés par les coupures annoncées, car « le programme connaissait un succès monstre », insiste M. Pinard Herkel.

Face à la demande toujours grandissante des familles avec des enfants aux prises avec des problèmes de santé mentale, en quatre ans, l’École a effectivement dû ouvrir de nouvelles à chaque rentée.

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