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Montréal-Nord: la candidature de Christine Black divise les organismes

Photo: Photo Josie Desmarais/TC Media

Le choix de Denis Coderre pour l’élection partielle du 24 avril divise à Montréal-Nord. Si certains voient la candidature de Christine Black, 34 ans, comme un vent de fraîcheur, d’autres perçoivent une «rupture avec la communauté haïtienne».

«C’est une excellente nomination, soutient Frantz Jean-Jacques, directeur d’Évolu-Jeunes 19-30, qui côtoie l’intéressée depuis plus de dix ans. À mes yeux, elle paraît la mieux placée pour montrer à toute la junte politique les dossiers et les enjeux de Montréal-Nord qu’elle connaît très bien».

Alors que M. Jean-Jacques évoque également «une bourreau de travail et une fille qui fait preuve d’un très bon sens de l’organisation», le fondateur du Centre communautaire multi-ethnique de Montréal-Nord (CCMEM), Guillaume André, parle d’une candidature «intéressante pour les jeunes».

«Ceux qui ne s’intéressent pas à la politique, en raison de bavure ou bévues du passée, vont peut-être s’y pencher davantage. Les jeunes vont se retrouver en elle, imagine-t-il. C’est un point positif car la politique mène le monde. Je suis curieux de voir comment elle va gérer cette élection, il faut la laisser faire ses armes.»

«Un cadeau empoisonné»
Alors que la débutante en politique souhaite «rallier les troupes, faire en sorte que tous les gens de Montréal-Nord travaillent ensemble», cette union sera néanmoins une mission compliquée selon Franz Jean-Jacques.

«C’est un cadeau empoisonné, décrit-il. Il y a beaucoup de défis, ce n’est pas un milieu facile. Pour satisfaire la communauté, elle devra faire des choix. Il lui faudra une grande volonté, mais son courage m’impressionne.»

Williamson Lamarre, patron du Café-Jeunesse multiculturel, se montre plus nuancé. «Rallier les organismes, est-ce la mission d’un arrondissement ? Moi, j’attends que quelque chose change réellement, ce qui n’a pas été le cas depuis longtemps. La pauvreté, l’exclusion sociale: je ne veux plus de promesses, mais des impacts sur la population.»

«Christine aura un gros travail à fournir pour plaire à tout le monde car Montréal-Nord est une famille qu’il faut rassembler, confirme Guillaume André. Pour diriger cet arrondissement, il faut beaucoup de diplomatie, de doigté et de sensibilité.»

Notamment pour convaincre une communauté haïtienne qui ne cache pas sa déception après cette nomination. Directeur de l’organisme Culture X et porte-parole d’un groupe de réflexion souhaitant la présence d’un candidat noir, Don Harley-Fils Aimé dénonce le silence de Denis Coderre malgré les appels répétés de son mouvement pour l’organisation d’une rencontre.

«Christine a travaillé avec tout le monde, elle est très impliquée et personnellement, je l’apprécie, explique-t-il. Elle ne fera sûrement pas l’unanimité, mais même au sein de notre mouvement, personne n’est vexé de la voir à ce poste. Cependant, cette ignorance de M. Coderre a été humiliante. Il y a beaucoup de déception et de frustration.»

«Un signe de rupture vis-à-vis des Nord-montréalais d’origine haïtienne»
Un sentiment partagé par le fondateur et porte-parole de Montréal-Nord Republik. «C’est un signe de rupture vis-à-vis des Nord-montréalais d’origine haïtienne. Le message est clair, estime Will Prosper. Une femme, une jeune, c’est très bien, mais le même profil, originaire de minorités visibles, existait au sein d’autres organismes proches des jeunes.»

«Est-ce un changement ? Je ne pense pas, reprend M. Prosper. Ce n’est pas parce qu’elle est jeune qu’elle ne sera pas la gardienne des vieilles politiques.»

Alors que cette élection partielle se tiendra le 24 avril, aucune autre candidature n’a été déclarée. Projet Montréal et Vrai Changement pour Montréal devraient annoncer prochainement leur choix pour ce scrutin.

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