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Exemple de solidarité à Montréal-Est

La fermeture de l’usine Leigh textile, établie à Montréal-Est depuis 1948, s’est transformée en une histoire de solidarité entre les gens de l’Est. Avant même que la clé ne soit sous la porte, l’industrie et les politiciens s’étaient mobilisés pour trouver du travail aux futurs chômeurs.

La mauvaise nouvelle

Le 27 octobre dernier, l’entreprise qui employait une trentaine de personnes du secteur annonçait qu’elle cesserait ses opérations canadiennes de production et de transformation, dès le 22 décembre.

« Il y a trois facteurs qui nous ont nui, explique le président canadien de l’entreprise, Daniel Castro. Avec la chute de l’industrie du textile, nous devions nous approvisionner de plus en plus loin, ce qui entraînait des coûts de logistique élevés. La parité du dollar canadien nous a aussi fait mal. Et notre clientèle, l’industrie de l’automobile, refuse obstinément de parler d’augmentation des prix. »

Le président raconte avoir tenté une première redéfinition de l’usine en août. En mai dernier, il avait pourtant déclaré à l’Avenir de l’Est : « nous sommes présentement repartis sur une montée. Toutefois, nous restons vigilants, car après une reprise rapide de l’économie, la rechute n’est pas très loin. »

« Les employés ont fait des miracles pour garder les coûts de production les plus bas possible et nos machines étaient en parfaite condition grâce à l’entretien régulier », conclut M. Castro qui confirme que la machinerie sera envoyée à l’usine-mère, en Caroline du Sud, et qu’il ne s’agit pas d’une relocalisation au Mexique ou en Asie.

La bonne nouvelle

Tel un capitaine de bateau, le vice-président des opérations, Marc Bessette, n’a pas quitté le navire avant d’avoir aidé tous ses employés : « Au début, j’étais sous le choc puis je me suis donné comme objectif de placer tous mes gars. C’était naturel de tenir la main des gens pour les aider à débarquer. C’était un peu comme les remercier de la confiance qu’ils m’avaient accordée pendant toutes ces années. Je ne suis pas un héros, mais je suis fier de ce que j’ai fait. »

Après l’annonce de la fermeture, M. Bessette a donc contacté le maire de Montréal-Est, Robert Coutu. « Je lui ai demandé de m’aider à trouver des emplois pour mes gars. Je les connais depuis une quinzaine d’années pour la plupart alors, je pouvais trouver le bon employé pour le bon poste. Nous étions une équipe, une famille. Je devais aller jusqu’au bout », affirme M. Bessette, visiblement ému.

M. Coutu a donc envoyé un message aux gens d’affaires du coin. « L’initiative du maire est fabuleuse. Sa job n’est pas juste de diriger. C’est la première fois en 72 ans que je vois un maire francophone faire ça. L’hôtel de ville s’occupe vraiment des employés qui ont perdu leur emploi et le maire actuel a une bonne coopération avec l’industrie », raconte le propriétaire de Giant, Claude Lesage, qui a déjà embauché cinq employés de Leigh et qui prévoit en embaucher d’autres. Giant est établi à Montréal-Est depuis 1945 et emploie 170 personnes du secteur.

« Nous cherchons tous des employés responsables. La Ville n’a pas le luxe de perdre des usines et les usines n’ont pas le luxe de se mettre les citoyens et l’administration à dos. Il faut que les gens se retroussent les manches pour combattre la compétition de la Chine et du Mexique », croit M. Lesage.

Alors que M. Bessette trouvait des emplois pour ses subalternes, il devait maintenir le même niveau de production. « Le travail d’un dirigeant, c’est de supporter ses employés. Là, c’était dans des circonstances fatales. J’aurais pu travailler sur mon futur pendant ces huit semaines, mais je ne suis pas sûr que je serais aussi à l’aise maintenant », confie-t-il.

Les ex-employés de l’usine de textile sont d’ailleurs reconnaissants. « L’aide de M. Bessette et de la Ville a été très appréciée. Ça m’a enlevé beaucoup de pression, explique Sébastien Lagarde, un ancien employé et natif de l’Est. Si je n’avais pas trouvé de travail, j’aurais été obligé de déménager. »

Le 20 janvier dernier, M. Bessette s’affairait à vider son bureau. Alors que la quasi-totalité des employés de Leigh s’est maintenant trouvée un nouvel emploi, il pourra commencer à chercher le sien. Il espère que les entrepreneurs du coin verront quelque chose de positif dans sa façon de gérer la mise à pied de ses employés.

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