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Faubourg Pointe-aux-Prairies: le «cauchemar» de nouveaux propriétaires

Des propriétaires de logements issus du projet Faubourg Pointe-aux-Prairies vivent une situation difficile. Photo: FELIX O.J. FOURNIER TC MEDIA (51

Des résidents du Faubourg Pointe-aux-Prairies sont en proie à de multiples procédures judiciaires après que l’un des entrepreneurs du projet domiciliaire semble s’être volatilisé en laissant des factures non payées à ses sous-traitants.

À l’hiver 2016, quelques semaines avant la naissance de leur premier enfant, Jean-Marc Bozzini et sa femme achètent à un prix modique, au bord de la rivière des Prairies, une agréable propriété flambant neuve.

«On réalisait notre rêve. C’était parfait pour élever une famille», indique ce trentenaire.

Mais rapidement, l’achat vire au «cauchemar». Le couple remarque plusieurs problèmes avec sa demeure: problèmes de branchements électriques, de ventilation, de gaz ou encore une rampe d’escalier manquante.

Sous le couvert de l’anonymat, une dizaine de résidents du Faubourg Pointe-aux-Prairies ont raconté à TC Media être dans une situtation similaire.

Les sous-traitants se retournent contre les propriétaires
Quelques semaines plus tard, le couple apprend, comme d’autres voisins, qu’il est poursuivi par deux entreprises embauchées par Construction Sébalan, l’entrepreneur général de l’une des phases du projet Faubourg Pointe-aux-Prairies.

Les sous-traitants affirment avoir des factures qui n’ont pas été réglées par Sébastien Maheux, président de Construction Sébalan, dont le nom figure sur l’acte de vente de la propriété. Incapables de le rejoindre, ils réclament près de 25 000$ à Jean-Marc Bozzini en vertu d’une disposition du Code civil.

«Nous n’avons plus aucune nouvelle de lui [Sébastien Maheux], il est parti dans la brume et on ne le reverra pas. Nos avocats n’arrivent pas à lui parler», témoigne Pierre Lalande, patron de Construction Pierre Lalande inc., qui tente de récupérer, au total, près de 112 000$ pour des travaux de charpente effectués sur plusieurs bâtiments du projet immobilier.

TC Media n’a pas été en mesure de contacter Sébastien Maheux. Aucun de ses numéros affichés sur l’internet n’est en service. La dernière mise à jour au registre des entreprises date de juillet 2015.

Une enquête en cours
Selon les informations de TC Media, plusieurs propriétaires ont été interrogés ces derniers mois par des enquêteurs de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). Rhéal Dallaire, le promoteur, affirme également «avoir rencontré» une enquêteuse de la RBQ. Celle-ci, par le biais de son service de communication, confirme qu’un dossier a été ouvert, dans lequel les noms de Rhéal Dallaire, Sébastien Maheux et de leurs sociétés y figurent. Si elle n’a pas souhaité commenter cette enquête, la RBQ indique que ce dossier sera par la suite acheminé au ministère de la Justice qui déterminera si des poursuites judiciaires ou pénales doivent être entreprises.

Le promoteur rejette toutes responsabilités
«Cette situation est horrible pour les propriétaires», affirme le promoteur de ce projet, Rhéal Dallaire, qui a confié la réalisation et la vente de ces maisons à Construction Sébalan. S’il confirme l’ensemble de ces problèmes, Rhéal Dallaire rejette vivement toute responsabilité.

«J’ai vendu ces terrains à Sébastien [Maheux], mais je ne suis aucunement associé avec lui. Sébastien a fait beaucoup de gaffes, on va dire. C’est de la mauvaise gestion. Il a fait beaucoup d’erreurs. Mais quand on vend, on ne s’occupe pas de la construction. Depuis le mois de janvier, on ne travaille plus avec lui et c’est impossible de le joindre», se défend-il.

«On vit sous un stress permanent»
Alors que plusieurs propriétaires ont préféré payer des factures de plusieurs dizaines de milliers de dollars plutôt que d’entamer un long processus judiciaire, Jean-Marc Bozzini est prêt à se battre.

«On veut trouver des solutions, clame-t-il, après avoir déjà interpellé publiquement la mairesse Chantal Rouleau lors d’un conseil d’arrondissement. Il faut que ça bouge, car le quotidien est très dur à vivre. On ne veut pas payer alors qu’on devait avoir une maison clef en main. On est censé vivre en sécurité, à l’aise dans notre nouvelle maison, mais c’est l’inverse. On vit sous un stress permanent.»

Déjà en conflit avec l’arrondissement (voir ci-contre), Rhéal Dallaire assure vouloir «coopérer avec la Ville». «On n’a pas fini notre projet, il nous reste beaucoup d’années et on va essayer d’aider ces familles», promet le promoteur.

Assis dans son salon, Jean-Marc Bozzini soupire. «Finalement, cet achat, c’est le plus grand regret de ma vie.»

Si vous souhaitez nous faire part d’une information et évoquer ce dossier, écrivez-vous: romain.schue@tc.tc


Chantal Rouleau «très sensible»

«C’est un problème qu’on prend très au sérieux, affirme la mairesse Chantal Rouleau, qui a déjà rencontré les citoyens concernés. On cherche à trouver rapidement des solutions. Notre objectif, c’est que les familles soient bien et heureuses dans nos quartiers.»

Si l’élue se montre prudente en commentant ce «dossier extrêmement complexe», elle reconnaît des relations «très difficiles» avec le promoteur Rhéal Dallaire, contre lequel une procédure a déjà été lancée pour récupérer un terrain où se trouve actuellement le bureau des ventes du projet Faubourg-Pointe-aux-Prairies.

«Pour ne pas mettre en péril différents recours juridiques, pour que ça n’ait pas un impact sur les citoyens, je ne peux en dire plus», conclut-elle.

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