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Des réfugiés installés provisoirement à Boscoville

Photo: Nicolas Ledain / TC Media

Jusqu’à 250 personnes, majoritairement d’origine haïtienne, vont être hébergées dans ce centre de services sociaux pour la jeunesse de Rivière-des-Prairies. Ils seront accompagnés dans leurs démarches.

Aux abords de l’«hôtel de ville» du centre Boscoville, la vie des demandeurs du statut de réfugié s’organise. Ce bâtiment central du site est en effervescence depuis l’arrivée des premières familles, car en tout, près de 250 personnes seront hébergées provisoirement sur place. Ils seront jusqu’à 600 au Stade olympique. Dans la cafeteria, divers organismes se relaient pour apporter une aide immédiate ou pour accompagner ces demandeurs d’asile dans leurs démarches administratives.

À l’extérieur, les enfants jouent au ballon tandis que les adultes profitent de quelques rayons de soleil pour se reposer après leur voyage jusqu’au Québec.

«On est vraiment bien accueillis, tout le monde essaye de nous aider», souffle Michel*, un Haïtien arrivé des États-Unis il y a quelques jours.

Comme lui, de nombreux ressortissants de l’île caribéenne passent la frontière depuis plusieurs semaines pour ne pas être renvoyés vers leur pays d’origine. Ils sont plus de 58 000, arrivés pour la plupart après le séisme de 2010, à être menacés d’expulsion par Washington, car l’administration Trump a menacé de ne pas renouveller le «statut de protection temporaire» dont il bénéficiait jusqu’ici.

Tous espèrent donc profiter d’un asile au Canada pour obtenir ensuite un statut de résident.

«Sur internet, on nous dit qu’on peut venir vivre ici, mais à la frontière ils nous ont expliqué que c’était difficile. On n’a pas le choix, on espère que ça va marcher», témoigne Michel.

Plusieurs messages circulent sur les réseaux sociaux et présentent le Canada comme une terre d’accueil. Selon certains organismes, des personnes profitent de la situation pour soutirer de l’argent à cette population vulnérable à la frontière. À l’issue d’une rencontre organisée jeudi 3 août à la Maison d’Haïti, des membres d’organismes et des élus ont annoncé une campagne d’information pour contrer ces messages mensongers.

Des retards à prévoir
À Boscoville, le Programme d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) privilégie l’accueil des familles. Si le pic d’arrivée de ses dernières semaines compte beaucoup d’Haïtiens, des personnes de toutes origines passent la frontière. Le PRAIDA invoque des raisons multifactorielles pour expliquer cet afflux.

Sur place, dans l’attente d’une décision fédérale, ces demandeurs seront hébergés jusqu’à ce qu’ils reçoivent un chèque de l’aide sociale qui leur permettra de se trouver un logement permanent. Là encore, des organismes sont mobilisés pour les y aider.

«Certains vont rester une semaine, d’autres resteront peut-être trois. Nous faisons en sorte de leur offrir des ressources et des conseils pour que cela soit le moins stressant et le plus rassurant possible», explique Emmanuelle Paciullo du service de communication du PRAIDA.

Kathleen Weil, la ministre québécoise de l’Immigration a indiqué que le nombre de demandeurs d’asile avait triplé depuis début juillet et était désormais de 150 personnes par jour. Les organismes qui accompagnent l’intégration anticipent déjà un ralentissement des services d’immigration alors que de nombreux réfugiés sont déjà en attente d’une régularisation, pour certains depuis plusieurs années.

«Nous avons des gens qui sont déjà ici et qui vivent dans l’angoisse d’être déportés. Si on n’arrive pas à régulariser ces personnes, je ne sais pas comment on va régulariser ceux qui arrivent en plus», s’inquiète Frantz André, coordonnateur du Comité d’action des personnes sans statuts (CAPSS).

Depuis fin 2014 et la levée du moratoire sur les renvois vers Haïti, près de 3200 réfugiés au Canada se sont aussi retrouvés sous la menace d’une expulsion. Le CAPSS estime que plus d’un millier d’Haïtiens sont encore sans statut aujourd’hui. M. André demande à ce que leurs dossiers soient réglés en priorité pour ensuite se consacrer à cette nouvelle vague de demandes d’asile.

* Pour des raisons d’anonymat, le prénom a été modifié.

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