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Métro Beaubien: «donnez-nous notre accessibilité universelle»

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Quand Chantal Marsolais, résidente de La Petite-Patrie, a appris que des travaux d’envergure allaient être réalisés au métro Beaubien, dès le mois de mai, elle a tout de suite pensé à l’installation d’un ascenseur.

Mais, lorsqu’elle a su que l’édicule ne serait pas plus accessible aux fauteuils roulants, sa déception a été immense.

«J’ai tout de suite pensé à ça. C’est du gros bon sens, explique Mme Marsolais, maman de Lilith, une jeune adolescente quadraplégique et sourde, depuis sa naissance. J’ai été très surprise et même choquée d’apprendre qu’il n’y aura finalement pas d’ascenseur.»

La résidente de la rue des Écores a même écrit à la STM pour en avoir le cœur net. Mais, la réponse est restée la même. «On ne peut pas dire qu’il n’y aura jamais d’ascenseurs, mais ce n’est pas prévu à moyen terme», indique Amélie Régis, au service des communications de la STM.

Un aménagement trop complexe
Pour la société de transport, la configuration de la station Beaubien est trop complexe pour un tel aménagement.

«À l’origine, les stations de métro n’ont pas été conçues pour accueillir des ascenseurs. L’installation d’un ascenseur implique de devoir agrandir l’édicule, ce qui était plus facile à réaliser à court terme à la station Rosemont, située à 800 mètres de la station Beaubien», explique Mme Régis.

Cet argument fait bondir Linda Gauthier, la présidente du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ). «C’est l’histoire de notre vie, lâche-t-elle. C’est une aberration totale. Je comprends qu’une cage d’ascenseur coûte chère, mais tant qu’à avoir les deux mains dedans, on devrait le faire. Quand bien même l’édicule serait trop petit, on a envoyé un homme sur la lune, alors on doit bien être capable d’installer un ascenseur.»

Mme Gauthier estime également que la mise aux normes des stations Jean-Talon et Rosemont ne devrait pas peser dans la balance. «L’accessibilité universelle, c’est la proximité, clame-t-elle. Que va-t-on dire à une personne qui habite proche du métro Beaubien? Déménage ou prend le transport adapté. On mettrait les décideurs en fauteuil roulant ou avec une canne, ça irait certainement plus vite.»

Un aménagement trop coûteux
La STM indique que le coût moyen pour rendre une station accessible est de 15 M$. Or, le contrat octroyé pour le réaménagement de la station Beaubien est de 3,6 M$.

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie collabore avec la STM sur le dossier du réaménagement de la station Beaubien.

Cependant, le maire, François Croteau, avoue ne pas comprendre la décision de la société de transport. «Ce sont des discussions que nous avons eues avec la STM, car selon moi, on va probablement refaire des travaux, dans quelques années, pour y installer un ascenseur. Du côté de la STM, on nous dit que le choix des stations desservies par des ascenseurs était un choix politique», explique-t-il.

L’entreprise a une tout autre réponse. «Les stations sont identifiées en fonction de critères d’évaluation, mis en place par le Comité sur l’accessibilité du métro de Montréal, soit l’achalandage, l’intermodalité, la répartition équitable sur le territoire liée à la réalisation d’autres projets et l’environnement des stations. De plus, les ressources humaines et financières dont dispose actuellement la STM ne lui permettent pas d’installer des ascenseurs dans plus d’une station par année, en moyenne», soutient Mme Régis.

Elle précise cependant que les critères de sélection ont été changés l’an dernier, à la demande des milieux associatifs et ne seront plus les mêmes pour les futurs chantiers, dès 2016.

Autrement dit, la station Beaubien aurait pu bénéficier d’ascenseurs si les travaux avaient été décidés ultérieurement.

Des trajets «à l’huile de coude»

«Je reste positive, mais parfois, certaines décisions pèsent davantage sur notre quotidien. Ma fille a 15 ans, alors elle commence à peser plus lourd. Quand une station n’est pas accessible, ça prend beaucoup d’organisation et de planification et surtout de l’huile de coude», indique Mme Marsolais.

Le Journal de Rosemont–La Petite-Patrie a constaté les difficultés auxquelles est confrontée la famille, au quotidien.

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Par exemple, franchir les portes de l’édicule pour accéder au métro est tout un défi, sans compter les nombreux escaliers qu’il faut descendre et ensuite remonter.

Quant au transport adapté, Mme Marsolais pense qu’il est utile, mais pas suffisant. «Nous sommes beaucoup dans la spontanéité. Notre fille est très sociable et on se promène partout. Avec le transport adapté, il faut réserver plusieurs jours d’avance et espérer qu’il ne soit pas annulé en cas de neige. Alors que le rêve de ma fille, même si elle est sévèrement handicapée, c’est de connaître le monde comme vous et moi», plaide, émue, la maman.

La résidente de La Petite-Patrie ne compte pas en rester là et pense faire entendre sa voix jusqu’à ce que la station Beaubien soit accessible à tous.

L’accessibilité universelle dans le métro montréalais
Au total, 17 stations de métro devraient être accessibles d’ici 2020, sur les 68 que comptent le réseau montréalais.

  • -Montmorency, de la Concorde et Cartier: accessibles depuis 2007
    -Lionel-Groulx, Bonaventure, et Berri-UQAM (ligne orange): accessibles depuis 2009
    -Henri-Bourassa et Côte-Vertu: accessibles depuis 2010
    -Champ-de-Mars: accessible depuis 2014
    -Jean-Talon (travaux en cours): accessible en avril 2015
    -Snowdon et Rosemont (travaux en cours): accessibles en 2016
    -Place-d’Armes, Mont-Royal, Berri-UQAM (ligne verte), Honoré-Beaugrand et Place-des-Arts: accessibles d’ici 2020.
    (Source:STM)

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