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Embauche de réfugiés : une entreprise laurentienne félicitée pour son initiative

Le fabricant de composants de sièges en contreplaqué moulé Seatply au 150, rue Merizzi à Saint-Laurent, Montréal, QC, le 21 janvier 2016. L'employé de Seatply Sarkis Kavlakian travaille depuis deux semaines dans l'entreprise. Le Syrien originaire d'Alep est arrivé il y a un mois à Montréal, après huit mois passés au Liban. En Syrie, il dirigeait une usine de pompes d'eau. Photo: Johanna Pellus/TC Media


Le président fondateur de Seatply est inondé de messages d’éloges. Levon Afeyan a décidé d’employer dans son entreprise de fabrication de contreplaqué moulé basée à Saint-Laurent des réfugiés syriens, en plus de leur offrir sur place des cours de français, un geste pour lui tout à fait naturel.

«God bless you» a écrit un prêtre de Toronto dans un message texte que lit M. Afeyan au milieu de l’entrevue accordée à TC Media.

Depuis quelques jours, la compagnie de la rue Merizzi est sur la sellette à la suite de reportages dans les médias. Le président ne s’attendait pas à recevoir autant de messages d’organismes et d’inconnus, qui le félicitent par dizaines.

«Je suis très content de l’attention, mais je ne l’ai pas fait dans ce but. Si je peux travailler et en même temps aider quelqu’un d’autre, pourquoi pas», précise-t-il.

Celui qui a émigré du Liban il y a 40 ans et fondé Seatply en 1981, dit «savoir ce que ça veut dire d’être immigrant ou réfugié dans des pays étrangers». Il fait notamment référence à ses origines arméniennes, ses grands-parents ayant tous été des réfugiés à la suite du génocide.

Douze Syriens
Devant la mobilisation pour venir en aide aux réfugiés syriens, notamment celle de l’organisme Hay Doun où sa femme est bénévole, M. Afeyan a voulu faire sa part en offrant des emplois, un complément aux logements, meubles, vêtements et éducation pour les enfants.

Récemment, douze Syriens ont été embauchés.

Pour compenser le choc culturel des réfugiés, la direction se montre plus tolérante. «Par exemple, ils ne connaissent pas le système de pauses et d’horaires, il faut prendre le temps de leur expliquer», précise M. Afeyan.

Il assure néanmoins que ces employés ont le cœur à l’ouvrage et que certains se sont révélés très talentueux.

«Ils ont surtout besoin de travailler, d’apprendre les langues et, ensuite, il faut qu’ils acceptent le fait qu’ils sont au Canada pour rester», explique le président qui souhaite être proche de tous ses employés et leur fournir du soutien.

À partir du 1er mars, Seatply paiera ses employés pour assister deux fois par semaine à des cours de français dispensés par le gouvernement du Québec directement sur leur lieu de travail.

Bras ouverts
Depuis les années 1990, M. Afeyan accueille dans son entreprise des réfugiés de toutes origines. Pour lui, «ça n’a pas vraiment été décidé, c’est juste un trait de caractère.»

Il sait que certains seront seulement de passage. Parmi ses ouvriers, il a déjà compté un historien iranien, un psychiatre bulgare et un prêtre.

«C’est un avantage énorme d’avoir ces gens-là qui travaillent chez nous. Nous les encourageons à obtenir leurs équivalences et nous sommes très contents quand ils nous avisent qu’ils ont trouvé un travail dans leur domaine.»

D’autres, sans expertise particulière, demeurent après leur formation au sein de l’équipe de 90 employés. Grâce au bouche-à-oreille, les réfugiés sont de plus en plus nombreux à postuler.

Avec la chute du dollar canadien, les composants de chaises sont en demande croissante. Seatply reçoit de deux à trois candidats en entrevue chaque jour. S’ils s’expriment dans une langue autre que le français ou l’anglais, un des contremaîtres qui parle leur langue vient en renfort.

Mais lorsqu’il s’agit d’échanger en arabe, Levon Afeyan discute volontiers avec ses employés dans l’usine. L’un d’eux, le Syrien Sarkis Kavlakian, est à Montréal depuis un mois seulement. À Alep, il avait sa propre usine de pompes à eau.

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