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Les stations «fantômes» pourraient revivre à Londres

Les passagers doivent être aux aguets s’ils souhaitent voir les traces des stations «fantômes» du métro de Londres, présentes sur les murs ou des écriteaux rouillés. Photo: Getty

Le plus vieux chemin de fer souterrain au monde aura 150 ans mercredi. Métro s’est aventuré dans les stations abandonnées du réseau, qui sont en passe de devenir des attractions haut de gamme.

Clignez des yeux et vous pourriez les manquer. Des écriteaux rouillés ou un mur en retrait de la voie sont tout ce que peuvent percevoir les usagers de ces mines d’or et zones dangereuses que sont les «stations fantômes» du métro de Londres.

Le London Underground compte plus de 40 stations abandonnées dans son réseau de 400 km. La plupart amassent la poussière depuis un siècle et intriguent les passagers du Tube. À l’aube des 150 ans du célèbre métro, le repos de ces stations oubliées pourrait bien être perturbé. En effet, un entrepreneur décidé est sur le point de lever le voile sur cet héritage londonien.

«Rien ne peut mieux représenter l’esprit de Londres que les stations fantômes», croit Ajit Chambers, chef de la direction de The Old London Underground Compagny (TOLUC). Ancien banquier, M. Chambers rêve de réhabiliter 26 stations et lieux souterrains pour en faire notamment des musées et des boîtes de nuit.

En décembre, Ajit Chambers a présenté ses plans d’affaires au maire de Londres, Boris Johnson. L’excentrique maire a décidé que développer les stations était une «brillante idée». Dans une vidéo très partagée sur YouTube, M. Johnson s’est engagé à exécuter le plan «si ça ne coûte pas un sou aux contribuables».

Mais M. Chambers ne veut pas d’argent. Il avance que les investisseurs, incluant un milliardaire qui veut garder l’anonymat, sont prêts à financer les développements, qui pourraient dépasser 1 G£ (soit 1,6 G$). Il a offert 25 M£ pour une seule station, Brompton Road, et il entend acheter, rénover et rouvrir 11 autres stations au cours des 5 prochaines années. Les stations pourraient servir à plusieurs types d’activités, qu’il s’agisse d’escalade ou de divertissements nocturnes, mais le chef de la direction de TOLUC est plus enclin à préserver les sites historiques.

«La première étape sera simplement des tours guidés des sites historiques, explique Ajit Chambers. Mon idée préférée est un musée de la brigade des pompiers : une randonnée qui nous ramènerait à l’époque du grand incendie de Londres».

Plusieurs sites ont leur propre richesse historique, comme les abris de la Deuxième Guerre mondiale, ce qui pourrait cependant entraver le développement. «Certains bâtiments ont un statut établi et seront préservés, dit Roger Sterling, du Subterranea Britannica, le principal groupe d’intérêt des souterrains de Londres. Mais la transformation des autres stations est commercialement viable.»

Le voyagiste Insider London, un partenaire de TOLUC, a fait état d’une réponse massive à une publicité faite en décembre. L’intérêt du monde politique grandit également. En effet, 66 membres du Parlement sont désireux d’aller explorer les sites de M. Chambers.

Pourtant, l’organisme gouvernemental Transport de Londres doute de la sécurité sur ces sites abandonnés. L’organisme se souvient de la mort d’un explorateur urbain, qui avait péri en 1995 lors d’une chute dans une cage d’ascenseur dans la station Brompton Road.

«Il y a de profondes descentes et la plupart des aménagements ont été enlevés, prévient Ben Pedroche, auteur d’une étude sur les stations inutilisées, intitulée Ne descendez pas ici. Plusieurs sites sont utilisés comme sorties de secours et mènent à des voies en service. Il est difficile d’imaginer comment ces sites pourraient devenir sécuritaires.»

Ajit Chambers attend nerveusement la réponse officielle à ses plans. Des idées simi-laires ont connu le succès ailleurs dans le monde. Beijing,par exemple, a transformé ses abris anti-aériens en centres commerciaux, et New York a converti une voie ferrée aérienne en parc.

Mais ressusciter le réseau fantôme de Londres pourrait être le plus audacieux plan de régénération à voir le jour. «Les gens ont ri quand le réacteur a été inventé, dit M. Chambers. L’essentiel, c’est que j’ai raison et que mon projet se réalisera.»

Le saviez-vous?
Le Culex pipiens f. molestus est une sorte de moustique qui a d’abord été découvert dans le métro de Londres. Il a évolué différemment de ses cousins vivant au niveau du sol, notamment pour ce qui est de ses préférences en matière de sang humain.

Statistiques
Le métro de Londres en chiffres :

  • Longueur du réseau. 402 km
  • Stations actives. 270
  • Passagers annuels. 1,171 milliards (11e au monde)
  • Vitesse moyenne des trains. 33 km/h
  • Distance annuelle. 184 269 km
  • Métro de surface. 55 % des rails sont au-dessus du sol.

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