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Trop de démocratie?

Photo: Yves Provencher/Métro

Au moment où le Québec se déchire une fois de plus sur la façon de réduire ses dépenses publiques, et où, à Montréal, les discussions s’enveniment entre la Ville et ses arrondissements sur la répartition des budgets, n’est-il pas temps de revoir une fois pour toutes la question de la gouvernance de la métropole?

Avec ses 103 élus municipaux, son conseil exécutif de 12 membres et 8 conseillers associés que le maire Denis Coderre propose d’agrandir, Montréal est une des villes les plus surgouvernées au monde. Et c’est sans parler de l’île de Montréal dans son ensemble où, en ajoutant une autre centaine de conseillers dans les villes reconstituées, l’île compte plus de deux cents élus pour une population de moins de deux millions de citoyens.

En comparaison, la ville de Toronto – qui, hormis les frasques de son ex-maire, Rob Ford, est une ville très bien administrée –, compte 45 élus municipaux pour une population de 2,8 millions d’habitants. Le conseil municipal de New York, la mégapole américaine, est composé de 51 conseillers répartis dans 5 arrondissements, Brooklyn, Queens, Manhattan, le Bronx et Staten Island. Cinquante et un élus pour gérer une population de huit millions de citadins. Et les exemples du genre ailleurs dans le monde sont infinis.

On apprenait la semaine dernière que les salaires versés aux élus de Montréal avaient atteint les 9M$ en 2014; et c’est sans compter leur personnel de soutien et les coûts faramineux des dédoublements, entre la ville-centre, les 19 conseils d’arrondissement de Montréal et les 15 conseils des villes reconstituées. Sommes-nous à ce point fervents de démocratie ou n’avons-nous pas tout simplement perdu le sens des responsabilités au point de nous enliser dans une «gouvernite» aiguë?

Le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, disait récemment: «Nous faisons de la microgestion», en vantant les mérites des maires d’arrondissement qui, selon lui, se préoccupaient davantage des citoyens que le maire Coderre. Je me souvenais, en l’entendant, d’un communiqué surréaliste que j’avais lu de la part de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, annonçant l’aménagement de 109 nouveaux dos d’âne, pour la modique somme de 495 000$, dans le but «d’apaiser la circulation».

Cent-neuf dos d’âne à 4 541$ chacun, est-ce vraiment de la bonne micro-gestion? Paieriez-vous ce prix si vous aviez à en aménager un chez vous? A-t-on perdu à ce point le contrôle des finances publiques? Et surtout, ce montant faramineux de 495 000$ ne serait-il pas mieux investi dans la création d’emplois pour les jeunes chômeurs, par exemple, que dans «l’apaisement de la circulation»?

Si Montréal, comme ses élus le répètent constamment, est le moteur du Québec, c’est à lui avant tout de faire le ménage dans sa gestion pitoyable.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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