Soutenez

Créer de la richesse

Photo: Yves Provencher/Métro
François Lambert - Rédacteur en chef invité

À chaque nouveau gouvernement, une nouvelle expression est galvaudée par les médias et, souvent, les gens n’ont pratiquement aucune idée de ce dont il s’agit. Nous avons eu «réingénierie de l’État» et, dernièrement, «austérité».

L’expression «création de richesse» est mentionnée plus souvent qu’à son tour sans qu’on sache réellement sa véritable définition. Le plus simple dénominateur commun de la création de la richesse serait une entreprise qui démarre et qui crée des emplois.

Mais avant d’aller plus loin, j’aimerais ouvrir une parenthèse et vous parler du «mal hollandais».

Face à la chute du prix du pétrole – plus de 40% en moins de 6 mois –, nous devons réaliser que nous sommes devenus en 20 ans un État pétrolier. Mais un État pétrolier uniquement en période de surconsommation!

C’est ce que disait d’ailleurs Jean-François Lisée lorsqu’il a lancé l’idée qu’un Québec indépendant devrait avoir sa propre monnaie pour se défendre du pétrodollar. Non seulement notre monnaie est intimement liée à la performance du marché pétrolier, mais on souffre en ce moment du «mal hollandais». Le mal hollandais fait référence au phénomène économique qui s’est produit quand les Pays-Bas, alors dépendants du pétrole, ont découvert les gisements de la mer du Nord: leurs exportations manufacturières ont chuté brutalement.

Depuis le boom pétrolier, nous avons subi le même sort et les entreprises qui exportaient massivement vers les États-Unis ont vu leurs ventes dégringoler en raison de la force de la devise. Maintenant que le dollar canadien a perdu de la valeur, ces entreprises manufacturières vont se ruer sur le marché américain.

Mais est-ce une si bonne idée de développer ces entreprises? Ne serait-il pas avantageux de se démarquer dans des industries en croissance sur le plan mondial? Des industries où la force ou la faiblesse du dollar n’aurait pas d’incidence sur la croissance ou la décroissance?

Pour moi, la création de la richesse, c’est ça. Le Québec ne peut espérer concurrencer les pays en voie de développement en matière de salaire. Au lieu d’exporter nos 2 x 4 aux États-Unis uniquement lorsque la faiblesse de notre dollar le permet, développons le marché des granules de bois pour l’exportation en Europe. C’est ça, créer de la richesse. À la reprise du marché pétrolier, développons le pétrole pour nous enrichir et nous défaire de notre dépendance. Ça, c’est créer de la richesse. Investissons dans des incubateurs pour nos start-up en informatique – ça, c’est créer de la richesse.

Créer de la richesse, ce n’est pas, par contre, exporter nos produits subventionnés, comme le porc. Créer de la richesse, ce n’est pas fermer nos frontières et nous limiter à notre petit marché comme le font les producteurs de lait du Québec.

Créer de la richesse, c’est avoir confiance en nos produits, en notre productivité, en notre ingéniosité, et voir la planète comme notre marché potentiel.

La création de la richesse, c’est tout cela.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.