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La grande contradiction de l’emploi au Québec

Businesspeople in a meeting Photo: Getty Images

Le nombre d’emplois augmente, mais leur qualité diminue et le marché du travail d’ici reste morose.

Au mois de décembre, les bonnes nouvelles concernant le marché de l’emploi se sont multipliées. Selon les statistiques les plus récentes, le taux de chômage au Québec en novembre a été le plus bas des 40 dernières années, à 
6,2%. Au cours des 12 derniers mois, l’emploi a progressé de 81 000 (+2%) dans la province, et le nombre de chômeurs a diminué de 
56 000 (-17%). Cela a fait dire au ministre des Finances, Carlos Leitao, que le gouvernement Couillard est maintenant en bonne voie de réaliser sa promesse de créer 
250 000 emplois durant son mandat, ce qui n’était pas du tout évident plus tôt cet automne.

Cette manne touche toutes les régions. Durant l’année 2015, l’emploi a connu une croissance dans 81 des 104 MRC du Québec. L’augmentation a surtout été marquée dans les MRC de la grande région de Montréal, notamment à Mirabel, où le nombre de travailleurs a augmenté de 4,4%, à Napierville (3,3%) et à Montcalm (2,9%).

Dans le reste du Canada, les nouvelles semblent tout aussi bonnes. En novembre, grâce à la création de 11 000 nouveaux emplois, le taux de chômage canadien s’est établi à 6,8%, confirmant une tendance à la baisse amorcée en 2011. La plupart des provinces ont également vu leur taux de chômage diminuer au cours des derniers mois.

Partout au Canada, il y a donc plus de gens au travail. Depuis des années, néanmoins, on se questionne sur la qualité de ces nouveaux emplois… avec raison!

Détérioration des salaires
Il y a quelques semaines, un rapport de la Banque Impériale de Commerce indiquait que 61% des Canadiens gagnent moins que le salaire moyen. Cette détérioration des salaires est observée depuis 10 ans. Elle est en partie attribuable à l’augmentation du travail à temps partiel depuis la récession de 2008. Un emploi sur cinq est maintenant un temps partiel, occupé surtout par les jeunes et les travailleurs de 55 ans et plus. Le rapport révèle également que 53% des travailleurs âgés de 25 à 54 ans, dans les meilleures années de leur carrière, occupent pourtant des emplois dont la rémunération est inférieure au salaire moyen.

Cette contradiction est observée depuis des années, mais on n’en discute pas assez. Les politiciens, trop souvent, se fient uniquement au taux de chômage pour juger de la réussite de leurs politiques de l’emploi. Or, sur le terrain, les travailleurs ont l’impression que leur situation se détériore. Oui, la plupart d’entre eux travaillent, mais leurs revenus stagnent ou diminuent depuis une décennie. Il ne faut pas se surprendre, dans ce contexte, que la dette des ménages ait doublé au cours de ces mêmes années. L’endettement a en effet pallié les mauvais revenus.

Une des leçons des élections américaines, c’est qu’ignorer la diminution de la qualité de l’emploi est une recette pour un désastre. S’en rend-on compte à Québec et à Ottawa?

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