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Est-ce que la télé grand public est devenue un sable mouvant?

Le beau dimanche Photo: ICI Radio-Canada Télé

Je voulais me pencher sur la nouvelle émission du dimanche soir à Radio-Canada depuis quelques semaines déjà, moi qui apprécie particulièrement ces rendez-vous de fin de soirée qui ont une certaine tradition sur nos petits écrans.

Le beau dimanche, piloté par Jean-Philippe Wauthier et Rebecca Makonnen, c’était aussi pour moi l’occasion de retrouver à la télé deux personnalités que j’écoute religieusement à la radio.

En effet, je dois l’avouer, Makonnen à l’animation de On dira ce qu’on voudra sur ICI Radio-Canada Première est mon coup de cœur radio de la saison. J’aime son énergie, sa présence, ses relances, son intérêt réel et varié et, surtout, j’aime la différence qu’elle apporte en ondes. Quelque chose comme une rare présence dans nos médias homogènes.

J’avais, donc, de grandes attentes pour ce Beau dimanche et, à mon avis, des attentes qui étaient justifiées. Après tout, comment être amer devant deux animateurs que j’apprécie sur d’autres plateformes?

Semble-t-il que l’amertume est possible même face à des conditions gagnantes.

Je m’explique mal, ceci dit, ce qui m’agace avec ce Beau dimanche nouveau genre de Radio-Canada. C’est beau, c’est propre, le décor est invitant, y’a de la musique en direct (une rareté fort appréciée) et il y a même des petites pointes d’humour qui retroussent, mais juste un peu.

Mon hypothèse – peut-être que le format est trop contraignant.

Wauthier, dans ses beaux habits, semble coincé lors de ses monologues d’ouverture et il ne capture pas l’aisance qu’il présente à la radio, par exemple, ou celle qu’il affichait dans une ambiance plus détendue à Télé-Québec à l’époque des Deux hommes en or.

Makonnen, sur le beau divan aux côtés de l’invité, assume bien son rôle, mais elle aussi semble prisonnière d’un certain carcan télévisuel. Sans parler de censure ou de lignes de conduite imposée par la grande tour de Montréal, on pourrait croire que l’imposante structure derrière un gros plateau comme celui du Beau dimanche chuchote une prudence assez manifeste à l’écran.

De là ma question : est-ce que les grandes émissions sont condamnées à perdre leurs couleurs au profit d’une version plus lisse et moins dérangeante?

Après tout, il ne faut jamais oublier notre réalité de marché et la quête malsaine du fameux million de téléspectateurs. En bas de cette barre symbolique, les producteurs ont la patience assez courte, presque aussi courte que leur mèche quand vient le temps de donner de la corde à des animateurs qui, pourtant, excellent quand on les laisse jouer sur la ligne.

L’irrévérence de Wauthier et les répliques assassines de Makonnen ont créé la magie à la radio que les producteurs télé ont sans doute appréciée suffisamment pour offrir une chance à la version télévisuelle. Pourquoi, dans ce cas, retirer les épices de la recette avant de tenter de la populariser? N’a-t-on rien appris du Colonel Sanders et de sa recette secrète?

Il y a, ceci dit, un brin d’espoir. Pénélope McQuade, après une première saison plus laborieuse à la barre des Échangistes, a trouvé son rythme pour son deuxième été et la sauce est bien prise maintenant avec un beau mélange d’aisance, d’humour et de conversations intéressantes.

Je vais donc continuer de suivre ce Beau dimanche de Wauthier et Makonnen, malgré que je ne retrouverais sans doute jamais l’insolence radiophonique qui m’a tant charmé.

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