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Les oligarques ukrainiens sont là!

Photo: Brendan Hoffman/Getty

À travers les flammes et le sang de la crise ukrainienne, les oligarques ont fait pendant trois mois le dos rond, préférant l’ombre à la lumière. Tout cela est fini.

Avec le départ du président Viktor Ianoukovitch, leur protégé, les projecteurs de l’actualité seront désormais braqués sur eux. L’économie est totalement sous leur coupe, et ils ont financé les campagnes d’une bonne partie des 450 députés du Parlement.

Rinat Akhmetov, le plus riche d’entre eux, est pour beaucoup dans la carrière politique d’Ianoukovitch. Ce dernier, en entrant au palais présidentiel en 2010, lui a renvoyé l’ascenseur.

La fortune d’Akhmetov, acquise dans le charbon et l’acier, serait ainsi passée de 5 à 18G$. Mais grâce à la règle du «50/50», («tu t’enrichis, je te protège»), le président destitué s’est bien rempli les poches. Son appétit vorace lui a d’ailleurs sans doute coûté son poste. Les oligarques l’ont finalement lâché. Ils devaient même enrichir son fils, le chirurgien-dentiste Oleksandr, qui serait à la tête d’une fortune de 200M$.

Ce n’est donc pas uniquement la rue qui a eu raison du quatrième président de l’Ukraine indépendante. Plus le sang coulait sur Maïdan, la place de l’indépendance à Kiev, plus les oligarques se sont dit ceci: il faut protéger nos arrières au cas où…

Au fil des semaines, leurs médias ont librement donné la parole aux manifestants qui réclamaient la tête du «président corrompu». Le système oligarchique est trop bien ancré dans le paysage politico-économique ukrainien pour disparaître avec la destitution d’Ianoukovitch. Les manifestants de Maïdan n’ont d’ailleurs pas vraiment fait entendre leur voix contre les grandes fortunes du pays, qui contrôlent au moins 85% de son économie.

Certains ont d’ailleurs été soutenus par les oligarques qui ont senti le vent tourner. Peu importe qui occupe le fauteuil présidentiel, ils se montreront toujours flexibles politiquement afin de pouvoir continuer à transférer leurs «économies» dans les paradis fiscaux.

Parallèlement à la «famille» qui fera tout pour qu’on ne touche pas à son portefeuille, le «grand frère» russe veillera au grain. Pas question de voir son ancienne république prendre le large.

Pour Moscou, l’Ukraine, c’est «la petite Russie». Kiev est considérée comme le berceau historique de la nation russe, et Lénine, dont des statues ont été déboulonnées ce week-end, rappelait déjà ceci en 1922: «Si la Russie perd l’Ukraine, elle perd la tête.»

L’imbroglio est total. Directement ou indirectement, les oligarques et Moscou tireront encore les ficelles de ce pays de 46 millions d’âmes constamment tiraillé entre l’Occident et la «sainte Russie».

«L’Ukraine aspire toujours à être libre!» Les mots sont de Voltaire. Ils datent de 1731 et sont brûlants d’actualité.

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