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Un Mondial sans frontières

Photo: Archives Métro

Salam et Shalom! En arabe comme en hébreu, la paix n’est pas pour demain entre Libanais et Israéliens, mais la Coupe du monde est une trêve salutaire dans leurs tumultueuses relations.

À défaut d’être présents sur le terrain, les Israéliens assistent en direct et gratuitement au petit écran à tous les matchs du Mondial. Dans les deux cas, les Libanais sont hors jeu. Afin de faire partie de la «planète foot», ils doivent débourser une centaine de dollars pour une carte Sama, du nom de la télévision du Qatar qui détient les droits exclusifs dans la région.

Pourquoi payer quand le gratuit est à portée de main?

Pour ne pas être totalement éliminés de la grande fête du ballon rond, des milliers de Libanais se sont donc tournés vers la télévision israélienne.

Ainsi, ils ont pu voir en direct, et écouter en hébreu, le 15 juin, les Argentins battre les Bosniaques 2-1. Le commentateur ne cachait pas sa préférence pour les premiers. Leurs adversaires étaient majoritairement musulmans.

«La normalisation [avec Israël] a bel et bien commencé, et cette fois-ci par le foot. Quelle honte!» s’est lamenté le chroniqueur sportif du quotidien libanais An-Nahar, repris par Courrier international.

C’était au début du Mondial. Les règles du jeu ont changé. Sama a accepté de réduire ses tarifs en échange d’une rondelette somme que lui aurait versée le ministère libanais des Télécommunications.

Le Liban a son lot de problèmes: il est sans président depuis le 25 mai, son économie est anémique, et le pays, longtemps considéré comme la Suisse du Moyen-Orient, est au bord de l’implosion avec son million de réfugiés syriens.

Alors? Du pain et des jeux! La célèbre formule romaine est toujours la règle quand tout va mal. Les Libanais peuvent oublier leurs soucis pendant encore quelques jours et suivre les matchs du Mondial à la télévision sans ouvrir une chaîne israélienne. La normalisation par le foot avec l’État hébreu devra attendre.

Dans tous les cas, elle n’est pas pour demain. Les deux voisins sont en guerre. Le pays du Cèdre a été envahi à plusieurs reprises, et le Hezbollah, fortement présent au Liban du Sud, où les habitants regardaient les matchs en hébreu, fait sentir militairement sa présence contre Israël.

Pour couronner le tout, les deux pays se livrent une «guerre du houmous et du falafel». Le Liban se plaint de la commercialisation de ses deux spécialités culinaires sur les marchés occidentaux sous l’étiquette «cuisine israélienne».

En fait, le houmous est sans doute égyptien, et le falafel, syrien. À moins qu’ils ne soient turcs. Les plats et les ingrédients ne connaissent plus de frontières. Le Mondial non plus.

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