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La fausse laïcité

Photo: Josie Desmarais/Métro

La première priorité du tout nouveau gouvernement caquiste n’est ni l’économie, ni l’environnement, ni la santé, ni l’éducation. La principale priorité de ce gouvernement, c’est interdire les signes religieux chez les employés de l’État en position d’autorité: juges, policiers gardiens de prison et enseignants.

Pourquoi donc? C’est le mandat que les Québécois auraient clairement donné à ce gouvernement, nous rétorque-t-on. Pourtant, c’est un sujet qui a à peine été abordé au cours de la très longue campagne électorale. Ça ne faisait pas partie des promesses phares comme l’ont été la maternelle 4 ans et la réduction du seuil d’immigration. François Legault n’a pas vraiment parlé de Bouchard-Taylor, de signes religieux et encore moins de leur interdiction chez les enseignant(e)s.

Le choix de la CAQ de légiférer prioritairement sur les signes religieux est fort problématique.

Il y a bien sûr l’aspect juridique et constitutionnel de la question, qui a été traité en long et en large par les analystes de tous bords. Il y a peu de doutes qu’une loi limitant la liberté religieuse des individus serait fortement contestée, et éventuellement déclarée anticonstitutionnelle.

Ce n’est pas tout. Il y a aussi l’aspect politique et son impact concret sur la vie de plusieurs citoyens et sur les fondements de la société québécoise.

D’habitude, un gouvernement fraîchement élu essaie avant tout d’être rassembleur: il apaise et rassure ceux et celles qui n’ont pas voté pour lui, il se déclare le gouvernement de tous, sans exception, il met un peu d’eau dans son vin et tend une main sincère à ses adversaires. François Legault a fait le contraire: il a décidé de diviser encore plus les citoyens en remettant tout de suite la question identitaire au centre du débat public. Il n’y a évidemment aucun problème à vouloir débattre de laïcité de l’État et de la place du religieux dans la société, mais il faut être naïf pour croire que la CAQ a l’identité québécoise et la laïcité vraiment à cœur. La CAQ est laïque quand il s’agit d’interdire le voile, mais pas tant que ça quand il s’agit du crucifix de l’Assemblée nationale. La laïcité selon la CAQ concerne d’abord et avant tout les musulmanes voilées, les juifs pratiquants et les sikhs… C’est une laïcité malléable et élastique qu’on tord et entortille afin de justifier des politiques populistes et liberticides.

Au fond, quand l’État en arrive à vouloir dire aux citoyens ce qu’ils ne devraient pas porter au travail, quand il ne se montre pas neutre vis-à-vis des choix individuels des minorités religieuses, de leurs croyances et de leurs pratiques, quand il brime leurs droits fondamentaux, alors l’État bouleverse le référentiel de valeurs de la société québécoise bâti sur la primauté et le caractère sacré des droits individuels. C’est grave. M. Legault ne devrait pas prendre ça à la légère.

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