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La souveraineté et l’indifférence

Parti Quebecois MNA Veronique Hivon speaks to supporters in Joliette, Que., Monday, May 9, 2016, where she announced her intention to run for the leadership of the party. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: THE CANADIAN PRESS

Comme bien des jeunes de ma génération, j’éprouve de l’indifférence face au projet de souveraineté. Je ne suis ni pour, ni contre, au contraire. Comme certains socialistes convaincus que le féminisme est un enjeu bourgeois, j’ai tendance à croire qu’il y a plus urgent, plus important, mais je ne suis pas réfractaire à me laisser convaincre.

Mais pour me convaincre, d’abord faudrait-il me présenter un projet. Un projet qui, idéalement, ne serait pas fondé sur un repli sur soi, sur une identité figée dans une nostalgie de la Saint-Jean sur la montagne en 1975, sur un sentiment d’insécurité face aux «autres». On croirait parfois que, pour certains conservateurs identitaires, sans ces ingrédients, le projet ne réussirait pas à rallier assez de monde.

Personnellement, je serais plus sensible à un projet fondé sur la fierté, l’inclusion et la confiance. Le slogan de Véronique Hivon, «Faisons-nous confiance», est, déjà, un bon point de départ. Un projet de souveraineté qui fait qu’on redresse l’échine, déjà, c’est plus tentant. «Expliquer le projet avant la mécanique», c’est aussi une pas pire idée. Et le fait qu’aucun des prétendants au trône n’ait fait partie des plus ardents défenseurs d’une charte qui aurait privé des femmes d’un gagne-pain en raison de leur croyance religieuse, c’est pas mal non plus.

Les chroniqueurs politiques auront beau dire que la jeunesse n’est garante de rien dans le succès du prochain chef du PQ, il reste que la souveraineté ne se fera pas sans les jeunes. Les 20 à 44 ans constituent maintenant 33 % de la population. Ils sont plus nombreux que les baby-boomers. Or, si durant les années Lévesque, le souverainisme était l’apanage des jeunes, ça semble loin d’être le cas aujourd’hui. En octobre dernier, 70 % des 18-34 ans s’opposaient à la souveraineté.

Un autre sondage réalisé pour l’Institut du Nouveau Monde en 2015 faisait état de chiffres semblables, avec un éclairage différent. Alors que le désir de souveraineté a diminué chez les jeunes de 1995 à 2015, il a augmenté chez les plus vieux. Est-ce que la souveraineté serait devenue un projet de vieux? Tout n’est pas perdu pour la cause souverainiste! En 2005, une donnée aberrante défie les pires pronostics. Sur le graphique, les courbes se croisent. Cette année-là, l’option fait un retentissant bond de 15 points chez les jeunes. Cette année-là, André Boisclair briguait la chefferie du parti. Dans les universités, les murs étaient tapissés de ses affiches dessinées. Le jeune chef du PQ était cool, gai, et on s’en foutait qu’il ait consommé de la coke.

On connaît la suite. Le PQ se fera dépasser par l’ADQ sur le plan identitaire, et en voulant reconquérir l’électorat sensible à la cause d’Hérouxville, perdra les jeunes. Ne m’écrivez pas tous en même temps pour me dire que c’est plus complexe que ça. Je le sais. Mais, que ça plaise ou non aux baby-boomers, il reste que le projet de souveraineté a besoin des jeunes. Et pour qu’on embarque, il faudrait peut-être nous écouter au lieu d’essayer de nous convaincre en nous faisant des peurs.

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