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Montres intelligentes : la bulle dégonfle

Tim Cook écrit à Reuters pour défendre l’Apple Watch, Motorola repousse sa prochaine montre Android Wear aux calendes grecques et Fitbit rachète Pebble, mais pas sa division matérielle. En analysant l’actualité des derniers jours, un constat s’impose : la bulle entourant les montres intelligentes s’est grandement dégonflée, et à moins d’un changement technologique majeur, rien n’indique que la catégorie pourra un jour atteindre les attentes originales des grandes compagnies technos.

Les attentes envers les montres intelligentes étaient pourtant élevées. Avant l’arrivée de l’Apple Watch et d’Android Wear, l’espace autour du poignet des consommateurs était convoité, et s’annonçait comme la solution pour permettre de continuer la croissance des compagnies technos malgré la saturation du marché des téléphones intelligents.

Trois nouvelles de cette semaine confirment toutefois ce dont plusieurs se doutaient : les montres intelligentes ne vendent pas aussi bien que prévu.

La firme d’analystes IDC a tout d’abord publié ses estimés pour les ventes de montres intelligentes et de bracelets connectés au cours du troisième trimestre de 2016. Selon la firme, les ventes d’Apple auraient diminué de 71% par rapport à l’année précédente.

Évidemment, la nouvelle Apple Watch 2 est sortie à la fin seulement du troisième trimestre de 2016, l’inverse aurait donc été étonnant. Selon les affirmations du PDG de la compagnie Tim Cook dans un courriel à l’agence Reuters, l’Apple Watch serait d’ailleurs en voie de battre ses propres records pour la saison des fêtes. Même si les ventes vont bien, une sortie publique de la sorte du PDG démontre tout de même que la confiance n’est pas à son plus haut niveau.

Il est évidemment difficile de se prononcer sur les succès de l’Apple Watch sans chiffres exacts. Il est toutefois probablement raisonnable d’estimer que même si la montre d’Apple s’en sort bien par rapport au reste du marché, la demande n’est pas à la hauteur des attentes initiales.

Les choses s’annoncent encore moins bien du côté d’Android Wear. Aucun des principaux fabricants n’a lancé de nouvelle montre cette année, et Motorola, la compagnie derrière la très appréciée Moto 360, a annoncé qu’elle n’avait pas l’intention de lancer de montre avec le futur système d’exploitation Android Wear 2.

Quand le fabricant le plus visible abandonne une plateforme avant même son lancement, voilà qui n’augure rien de bon.

Fitbit – qui connaît beaucoup de succès dans le marché des bracelets d’entraînement – a finalement annoncé aujourd’hui le rachat du fabricant de montres intelligentes Pebble pour 40 millions. L’entreprise met ainsi la main sur la plateforme logicielle de la compagnie, mais ne lancera pas de montre Pebble. Entre les lignes, on comprend que l’acquisition des ingénieurs de Pebble, et non de sa marque, a probablement été la plus grande motivation derrière l’achat.

Quel est le réel potentiel pour les montres intelligentes?
Le problème des montres intelligentes est que leur intérêt est tout de même limité. Les principales fonctions de ces appareils reproduisent ce qu’il est déjà possible d’accomplir avec son téléphone intelligent, mais d’une façon moins efficace.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Apple a changé de stratégie avec le lancement de l’Apple Watch 2. L’entreprise délaisse en effet de plus en plus le concept de montre, pour plutôt se concentrer sur son volet santé. Les bracelets d’entraînement connaissent après tout un certain succès, et il s’agit du seul élément où la montre détient un certain avantage par rapport au téléphone.

Et malheureusement pour les fabricants, même les innovations attendues dans la catégorie, comme l’arrivée des montres autonomes plus minces et l’augmentation de l’autonomie, ne changeront pas réellement la donne.

Dans ma première critique de l’Apple Watch, j’écrivais qu’une montre intelligente n’était pas une question de fonctions, mais une question de parure. Je crois toujours qu’une montre, intelligente ou pas, est avant tout un bijou. Il y a un marché pour un bijou du genre, mais celui-ci est forcément limité.

À court terme, les fonctionnalités reliées à la santé devraient assurer une certaine croissance du marché. Mais à moins d’un changement technologique majeur, dont l’impact sur la santé des utilisateurs serait facile à mesurer, il s’agira ici aussi d’un plus petit marché que ce à quoi les analystes s’attendaient il y a deux ans à peine.

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