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Histoire d’immigration inspirante: Parcours vers le succès

Photo: Yves Provencher / Métro

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leurs parcours et de leurs succès.

Feuille de route remplie de distinctions et de réalisations, optimisme à revendre, et détermination infaillible : Mariama Zhouri avait dans ses valises tout ce qu’il fallait pour réussir. Y compris l’art de sublimer les épreuves.

C’est elle qui a proposé le lieu de rendez-vous. En cette journée caniculaire, le hall d’un grand hôtel du Vieux-Montréal se fait écrin de fraîcheur. L’endroit est à son image, habile mélange de classe et de convivialité. Dans un anglais impeccable, elle cite Eleanor Roosevelt : «No one can make you feel inferior without your consent». (Personne ne peut faire que vous vous sentiez inférieur sans votre consentement.)

«Quand on décide de s’installer quelque part, il faut se donner les moyens de réussir cette expérience-là», enchaîne-t-elle.

Réussir, Mariama l’a effectivement décidé, peu importe où. Montréal est arrivée dans sa vie un peu par hasard. Elle y est restée par amour pour la ville, «où l’on trouve le monde entier». On aurait presque tendance à oublier de lui demander d’où elle vient, tant chez elle, c’est indéniablement ici.

Après un bac en audit et gestion financière décroché au Maroc, Mariama atterrit à HEC Montréal grâce à une bourse canadienne pour le développement, en 2001, pour une maîtrise en gestion internationale. Treize jours après son arrivée, elle rentre au Maroc en catastrophe pour enterrer son père.

«C’est pour lui que je me démenais, lui que je voulais impressionner ; il était mon moteur.»

Elle se souvient des heures passées à lui tenir tête. «Je viens d’une famille très moyenne. Il craignait que je rejoigne les rangs des titulaires de doctorats au chômage.»

Chaque discussion avec son père forge sa détermination, Mariama sait qu’elle lui doit ça.

Assommée par la peine, elle reprend néanmoins l’avion pour Montréal : impossible d’obtenir un report de bourse à la session suivante. Elle trouve un emploi étudiant d’assistante de recherche et boucle sa maîtrise. Quand vient le temps de chercher du travail, elle fait «son» 9 à 5. Elle élabore et suit rigoureusement un plan d’action pour développer son réseau. Mariama repère les entreprises pour lesquelles elle voudrait travailler, identifie les personnes clés, puis décroche son téléphone.

«Le tout, c’est d’arriver à passer par dessus le réceptionniste! Je proposais aux gens de se rencontrer autour d’un déjeuner. Je n’avais pas un sou pour me payer ça, mais c’était un investissement», confie-t-elle.

La stratégie fait mouche: Mariama impressionne et convainc. Sa carrière débute avec un poste de consultante chez PwC, et la mène – entre autres – à celui de directrice principale chez KPMG.

Je veux dire aux gens qu’ici, rien ne nous empêche de réussir. »

Au fil des années et des responsabilités, elle se passionne pour l’amélioration de la performance, risque et réglementation. Elle compte parmi les dix premiers Canadiens certifiés CAMS (Certified Anti-Money Laundering Specialist). 2007 est une année charnière : formation à Harvard, obtention de la citoyenneté canadienne, maternité. C’est aussi celle d’un drame dans sa vie personnelle, le décès subit de son mari.

Elle se relève – bien sûr – et poursuit son parcours professionnel, enchaînant les responsabilités. «J’ai toujours voulu être consultante. En école de commerce au Maroc, quand des professionnels venaient donner des conférences, je les trouvais avant-gardistes. Il faut une bonne dose de créativité, le sens du défi et de l’innovation», explique Mariama.

Aujourd’hui, à la tête d’une entreprise de conseil cofondée avec un associé, elle chérit un projet de sensibilisation à l’entrepreneuriat auprès des enfants. Une idée de sa fille de huit ans ! «Ils sont notre avenir, notre relève. On doit sortir de la logique “exécution-rétribution” et donner plutôt envie aux jeunes de se dépasser, d’innover.»

Profondément montréalaise, Mariama affirme qu’«il n’y a pas d’“ici” et d’“ailleurs”. Le Canada est une terre d’immigration. Peu importe d’où on vient, ce qui compte, c’est le citoyen qu’on est, comment on participe au développement du pays.» À ceux qui ont parfois l’impression que trouver sa place est difficile, elle lance sans hésitation «n’attendez pas qu’on vous la donne, prenez-la!»

L’émission de Radio-Canada International Tam-Tam Canada a produit une version radio de ce reportage. Réalisée par la journaliste Anne-Marie Yvon, cette émission est disponible sur le site de RCI (rcinet.ca/francais).

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