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Vivre parmi les entrepôts

Photo: Mathias Marchal/Métro

L’arrondissement de Saint-Laurent compterait une vingtaine de maisons isolées en plein cœur de la zone industrielle. Pour éviter les chicanes de voisins, c’est idéal. Par contre, il faut aimer le ballet des camions et accepter que les services municipaux soient offerts avec plus ou moins de régularité. État des lieux.

Même si sa maison est coincée entre une demi-douzaine d’entrepôts, un poste de transformation d’Hydro-Québec et une voie de chemin de fer, Surinder Singh aime l’endroit où il habite depuis bientôt trois ans. «C’est calme, pas trop loin du travail et il n’y a pas de bouchons», se félicite t-il.

«Par contre, pour les services municipaux, ce n’est pas toujours terrible», glisse sa femme. Leur maison du bout du boulevard Thimens est située à 600 mètres de l’arrêt d’autobus le plus proche, le camion du recyclage les oublie régulièrement et ils ne reçoivent jamais le Publisac et ses aubaines. Mais, surtout, plusieurs jours par année, une immense mare se forme dans la rue juste devant chez eux.

«Dès qu’il pleut ou que la neige fond, une immense mare d’eau de plus de six pouces de profondeur se forme et prend plusieurs jours à s’évaporer», déplore M. Singh. Récemment encore, il a contacté les élus de l’arrondissement pour que la pente de la rue soit corrigée ou qu’un regard d’égout soit ajouté afin que l’eau s’évacue et qu’il puisse avoir accès à sa boite aux lettres sans mettre de bottes. «Ils sont toujours très sympathiques, mais ça ne bouge pas beaucoup», regrette t-il.

Comment en arrive t-on à habiter entouré d’entrepôts? «Ce sont les derniers vestiges de notre passé agricole, avant que les vastes terrains ne soient utilisées pour créer des parcs industriels à partir des années 1940 et 1950», explique Alan DeSousa, maire de l’arrondissement. Les résidants qui n’ont pas pu, ou voulu, vendre font désormais un peu penser aux irréductibles Gaulois entourés de Romains dans la bande dessinée Astérix et Obélix.

«Le développement des parcs industriels a donné lieu à beaucoup de transactions douteuses entre entrepreneurs et politiciens locaux et ce sont les petits propriétaires comme nous qui ont été lésés », clame une résidante qui veut garder l’anonymat. Elle déplore le manque d’action de l’arrondissement. «L’idée c’est de décourager les derniers propriétaires pour acquérir les derniers terrains une bouchée de pain», ajoute t-elle.

Mais ces constructions massives de parcs industriels n’ont pas eu que du mauvais. Notamment pour la protection du patrimoine. C’est ce que note une étude d’évaluation du patrimoine urbain réalisée par la Ville. «Le chemin de la côte du Bois-Franc, ou Côte Saint-Louis, ne subsiste que partiellement dans la zone résidentielle du nouveau Saint-Laurent. La maison Bélanger-Robert (d’une valeur patrimoniale exceptionnelle) s’y trouve, de plus en plus entourée.» Seule la mise en enclave par les installations de l’usine Canadair a permis de préserver aussi longtemps l’aspect originel partiel de ce chemin étroit, sinueux et bordé d’arbres, notent les auteurs de l’étude.

Quant à la piscine naturelle non désirée de M. Singh, le maire de l’arrondissement assure que le problème sera réglé quand le boulevard Thimens sera finalement prolongée. «Mais globalement, on reçoit très peu d’appels de citoyens isolés qui se plaignent du manque de services», souligne M. DeSousa.

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