Présence canadienne-française au Chili

Le 25 janvier dernier, un incendie a détruit en grande partie l’édifice de la congrégation des SÅ“urs de la Providence, à Santiago du Chili. Située sur l’une des artères principales de la capitale chilienne, nommée avenue Providencia en son honneur, l’enceinte abritait une église et un musée, qui renseignait les visiteurs sur l’Å“uvre de cette congrégation arrivée de façon inattendue au Chili en 1853.

En effet, le groupe de religieuses originaires du Québec revenait de l’Oregon en bateau après une mission qui s’était avérée peu productive. Mais à l’époque, avant la construction du canal de Panama, il fallait faire le grand tour au sud de l’Amérique et naviguer le long de la côte chilienne. C’est en faisant escale à Valparaiso, le principal port du pays, que les soeurs ont eu leur premier contact avec le Chili et ont été convaincues par le président Manuel Montt de rester au pays afin de s’occuper des orphelins.

L’idée fut approuvée par la maison-mère de Montréal et les religieuses sont restées au Chili. SÅ“ur Bernarde Morin, malgré son jeune âge (19 ans à son arrivée), devint bientôt la supérieure et dirigea les travaux de la congrégation, qui se multiplia au pays, avec la fondation de 22 communautés dans diverses régions. Elle resta toute sa vie au Chili. À sa mort, en 1929, à 97 ans, elle eut droit à des funérailles d’État. Une statue fut érigée en sa mémoire à côté de l’église.

La présence de cette congrégation constitue sûrement le premier contact direct entre le Canada et le Chili. Les rues autour de l’église portent des noms canadiens : Montréal, Québec, Ottawa, etc. L’église, dont les fondations ne furent pas affectées, peut être restaurée, selon les experts. Il est à souhaiter que cela puisse se faire afin de garder le souvenir de ce lien historique entre les deux pays, noué il y a plus de 150 ans.

– José del Pozo, professeur d’histoire, UQAM