La chaleur et la solidarité étaient palpables à l’entrée du Centre culturel islamique de Québec cet après-midi alors que son président, Mohamed Yangui, accueillait les visiteurs de toutes confessions venus prier et se recueillir. Il confirme d’ailleurs que la salle où ce sont déroulés les événements de dimanche dernier sera refaite.
M. Yangui a expliqué la décision d’ouvrir le Centre à tous aujourd’hui par le fait que «c’est une mosquée au nom d’Allah et ça doit être toujours ouvert, peu importe les circonstances, pour faire les cinq prières quotidiennes. Aujourd’hui, nous avons réussi à faire le nettoyage du premier étage. Vous êtes tous les bienvenus à venir voir tout ce qu’on a fait jusqu’à maintenant».
Mohamed Yangui ressentait de la fierté à ouvrir la mosquée. «Premièrement, c’est important pour nous les musulmans de faire les prières à la mosquée. Deuxièmement, reste que c’est le chagrin, c’est la tristesse… Ce n’est pas facile d’oublier tout ça», a-t-il admis.
C’est à ce moment que le président du Centre culturel islamique a confirmé que «tout le décor sera changé. Toute personne qui va entrer va se dire : « c’est ici que le frère Azzedine est décédé, c’est ici que l’autre frère a été fusillé »», a-t-il décrit en pointant des endroits précis de la salle de prière.
«Il y a les trous des balles, le sang sur les murs… On va essayer de changer tout le décor. C’est peut-être une façon de consoler le monde. On ne peut pas oublier ça, mais on ne peut pas à chaque fois inviter les mauvais souvenirs.»
Le président du Centre a aussi plaidé pour la poursuite du dialogue entre les Québécois. «On est toujours une seule communauté, comme le dit le maire Labeaume. On a ouvert nos portes pour tout le monde, comme on le faisait avant les événements. On a vu que l’ignorance avec de mauvaises paroles, le mauvais message, ça implique du terrorisme.»
Il s’est également réjoui de la décision du maire à créer un cimetière musulman sur le territoire. «M. Labeaume, ça fait longtemps qu’on travaille avec lui. C’est un frère pour les personnes âgées, c’est un père pour les enfants. C’est quelqu’un qui est proche de nous et qui comprend nos besoins. Il essaie de les exaucer selon le pouvoir qu’il a.»
Soutien de la communauté
Plusieurs citoyens de Québec sont venus rencontrer les membres de la communauté et porter soutien à la communauté, de nombreux musulmans, certes, mais également beaucoup de Québécois «de souche». Rencontré lors de sa visite, peu après 13h, Jeannot Lachance, un résident du quartier, se devait de visiter la mosquée.
«Je suis très près de la communauté. Quand est arrivé le drame, je voyais une de mes locataires musulmanes qui regardait par la fenêtre. Son mari va régulièrement à la mosquée. Je m’inquiétais. Il est arrivé par en arrière et m’a tapé dans le dos. J’étais soulagé! Il arrivait de la piscine avec son enfant», a-t-il d’abord raconté.
Selon lui, le quartier est plus solidaire depuis l’attentat. «On dit toujours : du mal sort du bien. Je pense que c’est le cas et que ça va permettre de tisser des liens plus serrés. Ça va permettre de démystifier et faire connaître notre communauté musulmane», a-t-il poursuivi, soulignant avoir été ému que des cierges aient encore été allumés hier soir.