Le système d’éducation québécois souffre d‘un important manque d’investissement, et les récentes augmentations du budget des commissions scolaires sont insuffisantes. Épuisement, classes surchargées, cynisme – les conséquences sont évidentes dans les écoles, révèle une étude.
Les chiffres calculés par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), et publiés mercredi dans l’étude Conditions de travail et compressions budgétaires: Portrait de la situation dans les écoles du Québec, font état d’une hausse de financement de 39% en 14 ans, soit de 2,5% chaque année.
Or, le groupe de réflexion économique de gauche a aussi déterminé que le coût de fonctionnement des commissions scolaires a aussi augmenté en 14 ans. En fait, il aurait fallu hausser ce financement de 4 % par année pour qu’il corresponde aux besoins réels des commissions scolaires.
«L’augmentation des budgets en éducation a permis au gouvernement de dire qu’il n’y a pas eu d’austérité», a critiqué la chercheuse Eve-Lyne Couturier, coauteure du rapport avec Philipe Hurteau.
Selon l’IRIS, les réinvestissements dans l’éducation annoncés par le gouvernement provincial lors des deux derrières années ne comblent même pas les besoins réels des commissions scolaires, qui font face à un déficit de 1,4G$. Pour l’IRIS les réinvestissements veulent faire oublier l’austérité, dont les effets se font pourtant encore sentir dans le milieu de l’éducation.
Au plus fort de la période d’austérité, la hausse du budget de l’éducation a été de 1,6%, en 2014-2015, puis de 0,2% l’année suivante. Se situant sous le niveau de l’inflation, il ne s’agissait en réalité pas de hausse, mais de réduction des dépenses.
Pour la présidente de la Centrale syndicale du Québec (CSQ), Sonia Éthier, la récente augmentation du budget pour les années 2017 à 2019 n’est pas étrangère aux élections provinciales. Elle a aussi affirmé être préoccupée par les baisses du financement projetées par le gouvernement à partir de 2020.
«Il faut un changement rapide. Les gens sont au bout du rouleau. On a fait une tournée, on est allé dans les milieux scolaires, les gens réclament et crient haut et fort qu’il faut un changement au niveau des valeurs du gouvernement envers le système public d’éducation», a déclaré la présidente de la CSQ, critiquant «l’approche comptable» du gouvernement, «qui ne fonctionne pas».
Heures supplémentaires non payées, épuisement professionnel et sentiment d’impuissance face aux classes surchargées, les résultats de l’enquête de l’IRIS menée auprès de 8500 professeurs et membres du personnel en éducation dressent un portrait sombre de la profession d’enseignant.
«Les professeurs souhaitent voir une réduction de la taille des classes, de meilleurs services pour les élèves en difficulté et des équipes complètes et capables de se soutenir mutuellement», a souligné Mme Couturier.
Elle a aussi affirmé que les enseignants interrogés démontraient encore une très forte motivation malgré des conditions de travail difficile. «La conciliation entre travail et vie privée est très difficile, a-t-elle rapporté. Les professeurs travaillent dans leurs temps libres, c’est une bonne nouvelle pour les écoles, mais une mauvaise nouvelle pour les professeurs.»
«Le ministère de l’Éducation doit être davantage à l’écoute des professeurs et de leurs problèmes les personnes qui travaillent sur le terrain ont des solutions, il faut leur donner les moyens matériels et humains de les réaliser», a soutenu Eve-Lyne Couture.