L’entreprise d’autopartage urbain, car2go, déplore le «manque de volonté» de l’administration de Valérie Plante pour «lever les entraves au développement» des véhicules en libre-service (VLS) dans la métropole, dans une lettre ouverte dont Métro a obtenu copie.
L’entreprise car2Go estime que «ce manque de collaboration» remet carrément en question ses plans de développement à Montréal, «bien que l’ouverture de l’autopartage à de nouveaux arrondissements démontre un certain progrès», a expliqué la directrice générale de l’entreprise et signataire de la lettre, Hélène Mercier Brulotte, jointe par Métro.
Malgré des réductions de 50% tarifs déjà annoncées par Montréal pour les véhicules électriques, «il est encore 20 fois plus cher de stationner nos véhicules à Montréal que dans les autres villes où nous opérons», a renchéri la directrice. Elle estime que la zone d’autopartage est «encore amputée» du centre-ville commercial et que les tarifs des vignettes résidentielles «demeurent parmi les plus élevés en Amérique du Nord».
À ses dires, des milliers de Montréalais pourraient délaisser leur voiture si l’autopartage devenait un brin plus accessible.
«Il importe que l’administration Plante soit davantage à l’écoute et mette enfin en place les conditions essentielles au développement de l’autopartage.» – Hélène Mercier Brulotte, directrice générale de car2go, qui espère qu’une «meilleure collaboration» soit possible en 2019 avec la Ville.
En campagne électorale, les engagements de Valérie Plante envers la mobilité et l’autopartage avaient pourtant emballé l’entreprise, dit sa directrice. «Pour la première fois depuis notre lancement à Montréal en 2013, nous avions le sentiment de pouvoir compter sur une alliée au sein de l’administration», écrit-elle dans la lettre ouverte.
Toutefois, les bottines ne suivraient pas les babines, d’après Mme Mercier Brulotte. Bien que certaines des politiques «les plus lourdes de l’ère Coderre» aient été modifiées, car2go dit constater «que l’année 2019 augure mal et que les conditions nécessaires à l’expansion du service sont absentes».
Sous l’administration Plante, Montréal demeure l’une des villes où il est le plus difficile d’opérer et de se développer, plaide car2go.
Discours nuancé chez Communauto
Le vice-président de Communauto, Marco Viviani, ne partage pas le même point de vue que son compétiteur.
«Oui, il y a encore de la place à l’amélioration sur plusieurs plans, mais on comprend aussi qu’un prix a été fixé à Montréal. C’est un prix avec lequel on est confortable de notre côté. On arrive à gérer le service amplement.» -Marco Viviani, vice-président de Communauto, sur le contexte économique à Montréal.
Quant à savoir si les tarifs actuels ne sont pas assez incitatifs, M. Viviani répond «qu’il faut certes continuer de discuter». «Il y a un débat à organiser à Montréal sur les orientations qu’on doit prendre à l’avenir», reconnaît celui qui a rencontré la Ville et ses homologues chez car2go «à plusieurs reprises».
«On pense que c’est quand même important de contribuer au paiement de l’espace qu’on occupe. C’est le motif qui vient légitimer notre service», a ajouté M. Viviani. Il croit que la Ville «a fait plusieurs pas en avant depuis quelques mois», mais espère, à l’instar de son rival, «qu’il y en aura d’autres dans le futur».
Joint par Métro, le cabinet de la mairesse s’est dit très «étonné» par cette sortie publique de car2go, d’autant plus que plusieurs rencontres seraient prévues prochainement avec ses représentants et un comité technique.
«Nous sommes en constante communication avec eux. La Ville a d’ailleurs entrepris des travaux afin de permettre le stationnement des VLS dans les espaces tarifés sur rue en 2019», a indiqué une porte-parole du cabinet, Laurence Houde-Roy.
La Ville souhaite revoir le modèle de tarification actuel des vignettes, avec pour objectif de faire progresser l’offre de VLS. «Notre administration a complètement revu la réglementation dans la dernière année pour permettre le développement des services d’autopartage. Ces mesures ont d’ailleurs été accueillies positivement par les acteurs du milieu», a-t-elle ajouté, rappelant que les VLS sont désormais autorisés dans plus d’une douzaine d’arrondissements.