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Une campagne sur le consentement sexuel chez les hommes GBT à Montréal

Un membre de la communauté LGBTQ+ sur 10 affirme souffrir d’isolement social.

Henri Ouellette-Vézina - Métro

«Il est temps que tout le monde en parle.» L’organisme communautaire montréalais RÉZO a lancé mercredi une vaste campagne de sensibilisation «pour délier les langues» sur le consentement sexuel chez les hommes gais, bisexuels ou transsexuels (GBT), un sujet peu médiatisé au Québec.

«Je suis allé dans un party en fin de semaine, je me suis fait pogner les gosses quatre fois. Pas envie de me faire taponner par n’importe qui.» «Pourquoi je reçois autant de photos de dickpics sur Grindr. J’ai rien demandé, moi.» C’est le genre de témoignages frappants qu’a collectés RÉZO dans les derniers mois auprès d’hommes GBT.

L’organisme dit effectivement avoir constaté, au fil du temps, que plusieurs de ses membres «subissent ou ont posé fréquemment des gestes à caractère sexuel sans consentement». Pour le codirecteur de RÉZO, Alexandre Dumont Blais, ces comportements banalisés, parfois même ignorés, «doivent cesser» dès maintenant.

«Cette culture malsaine, on en parlait pas du tout avant, c’était carrément tabou. C’est clair que #MeToo a été un levier pour nous, dans nos communautés, pour se poser des questions, pour s’ouvrir les yeux et commencer à réfléchir», explique-t-il en entrevue à Métro.

«Il m’est arrivé lors d’une sortie en sauna de me faire pogner les pecs, et lorsque j’ai retiré la main du gars, il m’a traité de sainte-nitouche. Pas croyable.» – Louis, un membre de RÉZO, dans un témoignage.

Selon le porte-parole, il faut voir que la réalité du consentement «ne se matérialise pas de la même façon chez les hommes gais» que dans une relation hétérosexuelle. «Deux gars ensemble, ce n’est pas vraiment vu de la même manière dans notre société. Ce rôle masculin intériorisé a fait en sorte que ça a pris du temps pour nous à se mobiliser», ajoute-t-il.

Dans le métro
Des affichages seront diffusés dans les prochains jours dans plusieurs commerces du Village et dans la station de métro Berri-UQAM. «On veut vraiment rejoindre les gars là où ils sont, là où ils peuvent se rencontrer, témoigne M. Dumont Blais. On fera aussi appel à des leaders communautaires et à des influenceurs pour diffuser le message au maximum sur le web.»

D’après les données du groupe, les hommes gais se trouvent en réalité très affectés par le phénomène des violences sexuelles. Le quart d’entre eux ont déjà fait face à un épisode d’agression une fois adultes, alors que ce chiffre se situe plutôt entre 3 et 7% chez les hommes hétérosexuels.

Sous le mot-clic #ÇaExiste, la campagne «à grand déploiement» – une première du genre au pays selon RÉZO – vient aussi avec une vidéo-choc qui «veut réveiller le mononcle en nous, et lui dire que cette culture doit changer», relate Alexandre Dumont Blais.

«On est très conscient que nos messages sont crus, directs, et que ça peut heurter certaines personnes, nuance le codirecteur. Mais on s’est dit qu’on ne pouvait pas faire quelque chose de soft sur le consentement, ça n’aurait pas du tout marché dans notre communauté.»

Et pour cause, la campagne «fait vraiment jaser en ce moment», se réjouit Alexandre Dumont Blais. «Ça vient me dire que les gens attendent qu’il se passe quelque chose. Il faut qu’on propose la discussion, et après on commencera à engager des changements», conclut-il.

L’offensive de visibilité est l’œuvre de l’agence publicitaire montréalaise Upperkut.

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