Lieux de rassemblement depuis plus de 350 ans l’église des Saints-Anges-Gardiens du boulevard Saint-Joseph est la troisième plus ancienne paroisse de Montréal. Elle cache en ses murs de pierre un riche passé qui peuple depuis longtemps les pages du Messager Lachine & Dorval.
Tout a commencé au cours des années 1660, époque des explorations, alors que la Nouvelle-France était administrée comme une province française. En avril 1676, la première chapelle de bois, dont on peut observer une réplique réduite devant l’église actuelle, a été construite par Pierre Gaudin dit Châtillon à l’intérieur du fort de Lachine et mesurait huit mètres de largeur et onze mètres de longueur.
Ce site, renommé fort Rémy en l’honneur du premier curé paroissial Pierre Rémy, est aujourd’hui sur le territoire de LaSalle.
La construction d’une première église faite de pierres a ensuite débuté en 1703, près de la chapelle. Un siècle plus tard, soit en 1865, l’établissement a été relocalisé à son emplacement actuel, au coin de la 15e Avenue, où cette troisième infrastructure des Saints-Anges-Gardiens adoptait un style gothique.
En 1915, un violent incendie a ravagé cette nouvelle église. Les pompiers de Lachine, de Dorval, de Saint-Pierre et de Montréal ont été dépêchés sur les lieux pour combattre les flammes, mais seuls le presbytère et la chapelle arrière ont été épargnés.
Depuis cent ans
C’est la bénédiction de la pierre angulaire en 1919, cruciale pour assurer la solidité du monument, qui a marqué le début de la mise sur pied de l’église que l’on connaît. L’année suivante, elle a été inaugurée avec son style architectural néo-romain, selon les plans de l’ancien maire de Lachine Dalbé Viau et Alphonse Venne, les mêmes architectes qui ont conçu les plans de l’oratoire Saint-Joseph.
Ses inspirations proviennent directement du Moyen-Âge, empruntant des concepts tirés des basiliques romaines et des abbayes françaises du Xe au XIIe siècle.
Après l’incendie de l’église précédente, celle-ci a été montée sur des pierres et sa structure interne faite entièrement de béton l’a rendue entièrement à l’épreuve du feu.
Cette année marquait le centième anniversaire de la bénédiction de la pierre angulaire. Depuis, bon nombre d’activités se sont déroulées au sein du bâtiment sacré, notamment par le biais du Cercle paroissial de Lachine (CPL), au début des années 1900, qui œuvrait à nourrir le lien social de la communauté.
Dès le début des années 1930, le Messager de Lachine était présent pour énoncer les différents événements sportifs et culturels organisés. Parfois, il publiait même des rappels de pratiques religieuses en vue de l’heure sainte de l’église.
«Paroissiens de Lachine, n’oubliez pas de venir à l’église ce soir, jeudi de 11 heures à minuit et surtout n’oubliez pas que Notre Seigneur a promis formellement la grâce d’une sainte mort à tous ceux qui communieraient le premier vendredi pendant neuf mois consécutifs», peut-on lire dans un extrait Messager de Lachine, en date du 2 novembre 1939.
L’église de nos jours
Presque quatre siècles ont passé depuis l’ouverture de la première chapelle, et le monument des Saints-Anges-Gardiens continue d’avoir une place importante au sein de la communauté lachinoise.
En plus des messes et des célébrations comme les baptêmes et les mariages, différents groupes et clubs sociaux se rencontrent encore dans ses locaux, comme le Cercle de l’amitié et le Réveil de Lachine. «C’est un endroit rassembleur où même une personne non croyante peut venir se recueillir», indique Robert Lachance, directeur de la paroisse depuis six ans.
Du côté musical, l’ensemble folklorique Les Éclusiers de Lachine, existant depuis 1975, y pratique alors que des spectacles de musique classique s’y tiennent également. «Il faut que ça bouge et qu’il y ait une belle ambiance, ajoute M. Lachance. Une église qui n’a pas de monde, ça meurt.»
L’église a aussi des beautés à contempler, que ce soient ses vitraux ou l’énorme orgue sous les peintures des anges protecteurs. L’église est en elle-même un chef-d’œuvre.
Sacré-Cœur
Le monument du Sacré-Cœur, qui peut être observé juste en face de l’église, en traversant le petit pont, a une origine bien intéressante.
En septembre 1924, les cloches de l’église incendiée ont été refondues et ont servi à fabriquer cette statue sur la Promenade du Père-Marquette, près de la 15e Avenue. Sur sa façade, on peut lire Voilà ce cœur qui a tant aimé les hommes.