Depuis quelques années, Nancy Loporcaro assiste, impuissante, à la maladie dégénérative de sa mère, atteinte de l’Alzheimer. Son quotidien rime avec don de soi.
À l’occasion de la Semaine nationale des proches aidants qui se tient du 3 au 9 novembre, la résidente de Ville-Émard confie les raisons de son dévouement.
Au début des années 2000, sa mère, Lucille Naud, travaille comme gérante dans une boutique de souvenirs à l’ancien Forum de Montréal. Peu à peu, son travail s’illustre par une accumulation d’erreurs de calcul, des oublis ou des lacunes. Le diagnostic de l’Alzheimer est annoncé par le médecin.
Dès cet instant, Mme Loporcaro fait tout pour stimuler les capacités intellectuelles de Lucille par des jeux et de l’art. «Elle est une femme minutieuse, dit-elle. On passait des heures à faire du scrapbooking ensemble.»
Ses journées ressemblent parfois à un marathon. «Cela implique une présence constante dont la préparation des repas, donner la nourriture ainsi que des soins et l’aide pour sa toilette», énumère-t-elle.
La dame de 88 ans reçoit des soins de travailleurs du CLSC qui viennent changer les pansements. Deux fois par semaine, elle reçoit des services d’ergothérapie et de physiothérapie.
«La maladie s’est installée progressivement, précise la proche aidante de 54 ans. Il y a quatre ans, maman a arrêté de marcher et ne communique plus qu’avec les yeux.»
Soutenir les autres
Ses propos dissimulent une longue bataille. Des heures au téléphone à savoir quels services ou subventions pourraient être offerts à sa mère. Nancy Loporcaro s’engage au sein du conseil d’administration du Groupe des proches aidants du Sud-Ouest.
«Mon expérience permet à des gens d’aller chercher des ressources qu’ils ignorent. Je sens que je fais une différence», confie-t-elle modestement.
Mme Loporcaro déplore la faible subvention de 600$ pour six mois, offerte aux aidants naturels. Cela représente 25$ par semaine, l’équivalent d’une sortie au cinéma. Un montant insuffisant pour engager quelqu’un de confiance et s’accorder un répit.
«Notre travail permet d’économiser beaucoup d’argent à l’État. Moi j’ai quitté par choix mon emploi de commis comptable. Pendant que j’aide ma mère, je m’appauvris et je n’accumule pas de fonds de pension.»— Nancy Loporcaro.
En Europe, il existe une aide compensatoire pour les aidants naturels, selon elle. Au Québec, le coût annuel d’une personne en perte d’autonomie habitant une institution coûte 70 000$ à l’État comparativement à 10 000$ pour celle qui vit à son domicile.
Comment réussit-elle à sortir la tête de l’eau? Mme Loporcaro s’entoure de personnes de confiance dont son fils de 26 ans qui prend la relève lorsqu’elle s’accorde un court répit de deux jours, parfois quatre. Son père de 85 ans apporte aussi son soutien et sa présence. Tout cela rassure Lucille dont le regard exprime encore les émotions d’étonnement, de satisfaction et parfois de joie.
Plus d’infos: aidantssudouest.org
En chiffres
300
On compte 300 aidants naturels , membres du Groupe des aidants du Sud-Ouest qui couvre le territoire de Saint-Henri, Verdun, LaSalle, Lachine, Côte-Saint-Paul, Ville-Émard, Dorval.
1.6 million
Au Québec, les proches aidants représentent 1,6 million de personnes, soit 1 sur 5.
1.2 million
Il serait nécessaire d’embaucher 1,2 million de professionnels à temps plein afin de remplacer les heures effectuées par les proches aidants.
4 à 10 milliards
Il en coûterait entre 4 à 10 milliards à l’État québécois par année pour remplacer les millions d’heures de soutien annuelles des proches aidants.
Source: ranq.qc.ca