Alors que le ministre de la Santé, Christian Dubé s’inquiète de la hausse des cas depuis quelques jours et appelle les étudiants à annuler les célébrations et les soirées d’initiation de la rentrée et que Dr Horacio Arruda se demande s’il ne devrait pas interdire les activités des bars à karaoké, les chiffres relatifs au nouveau coronavirus ravivent les craintes que la fameuse deuxième vague tant redoutée survienne.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’en inquiète aussi, même si le directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, affirme avoir de bonnes nouvelles concernant un vaccin éventuel contre la COVID-19 d’ici quelques mois.
Mais d’ici là, la route sera cahoteuse et risquée.
L’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de École de médecine de l’Université de Washington vient d’annoncer la publication des premières prévisions mondiales de décès par pays attribuables à la COVID-19 d’ici la fin de l’année. Les courbes font peur. En fait, la fin de l’année sera particulièrement meurtrière pour ce qui est du nombre de décès si on se fie à l’IHME.
Selon ses prévisions, le nombre quotidien de décès pourrait atteindre 30 000 en décembre dans le monde.
Priorité aux soignants, dit l’OMS
En conférence de presse depuis Genève, M. Ghebreyesus a appelé tous les pays à se montrer solidaires dans la lutte au coronavirus et a plaidé pour l’aide aux pays pauvres.
L’OMS est d’avis qu’il faut vacciner certaines personnes dans tous les pays, plutôt que toutes les personnes dans certains pays dans un monde interconnecté où les risques d’importer le virus d’un pays à un autre sont grands. Au début, lorsque l’offre des vaccins sera limitée en raison des capacités de production limitée des sociétés pharmaceutique, la priorité ira aux soignants, aux travailleurs essentiels ainsi qu’aux personnes les plus à risque – y compris les personnes âgées. Si les habitants des pays à revenus faibles ou intermédiaires ne reçoivent pas de vaccins, le virus continuera de tuer et la reprise économique sera retardée à l’échelle mondiale.
Avec le peu de recul dont elle dispose, l’OMS peut néanmoins affirmer que les maladies sous-jacentes et les facteurs de risque qui y sont liés augmentent la vulnérabilité à l’infection au nouveau coronavirus. Le risques de complication dans ces cas précis sont bien réels. Et contrairement à la croyance populaire, les jeunes ne sont pas épargnés des conséquences plus graves comme on l’a pensé il y a quelque temps.
Personnel médical
«Un soignant infecté est un soignant infecté de trop», a dit l’épidémiologiste de l’OMS, Dre Maria Van Kerkom, elle aussi présente lors de la conférence de presse.
Selon les données recensées par l’organisation, le taux d’infection du personnel médical est de 8 à 20% selon les pays. Mais dans tous les cas recensés, «l’équipement de protection individuel est en cause», a affirmé Dre Van Krekom. Dans certains pays, le personnel n’en a tout simplement pas, dans d’autres, il n’est pas installé adéquatement ou n’est que partiel. Que vaut un masque de procédure quand les gants manquent… Pour pallier à la situation, l’OMS a mis en place un réseau de fournisseurs qui travaillent à équiper ces personnes «dont le travail est incroyable» et à le former aux meilleures pratiques à mesure que les connaissances concernant ce virus évoluent.
Par contre, différentes études ont permis de savoir que les enfants sont probablement contagieux plus longtemps qu’on l’avait pensé tandis que les adolescents seraient, malheureusement, de meilleurs vecteurs.
Des malades plus à risque
Les risques de développer des complications graves sont plus élevés chez certains patients.«Les cancéreux, les personnes ayant des problèmes respiratoires, celles souffrant d’obésité et les diabétiques sont plus à risque», a expliqué le dirigeant de l’OMS durant sa conférence de presse.
Ils sont jusqu’à 7 fois plus élevés chez les obèses, 1,5 fois chez les fumeurs et de 2 à 4 fois chez les diabétiques.
«À mesure que les capacités de production du vaccin augmenteront, nous voulons que tous les peuples du monde entier y aient accès», a ajouté Dr Ghebreyesus, précisant qu’il ne s’agit pas simplement d’un impératif moral et d’un impératif de santé publique, c’est aussi d’un impératif économique.
Ainsi, l’utilisation des vaccins comme bien public mondial est dans l’intérêt national de chaque pays, a rappelé le dirigeant de l’OMS, en poste depuis 2017.
Celui-ci s’est réjoui de l’adhésion de plusieurs pays à COVAX, un mécanisme de l’OMS visant l’accès mondial aux vaccins. COVAX dispose de neuf vaccins à l’heure actuelle. La date limite pour y adhérer est le 18 septembre. L’Allemagne, le Japon, la Norvège et la Commission européenne ont fait part cette semaine de leur intention de s’ajouter aux 172 pays participants.