Il existerait une corrélation entre les régimes amaigrissants et les troubles alimentaires selon certains professionnels de la nutrition. Dans les pays occidentaux, les modèles corporels sont fortement appuyés par d’importantes industries comme celle de la minceur.
Les troubles alimentaires sont des problèmes sérieux et complexes, ils s’inscrivent dans le DSM-V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, de l’Association américaine de psychiatrie, AAP).
En 2002, l’enquête Mental Health and Well-being menée par Statistique Canada montrait que 0,5 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus présentaient un trouble alimentaire. L’enquête révélait aussi que les femmes étaient plus susceptibles de souffrir d’un trouble alimentaire. Parmi les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, 1,5 % signalait avoir un trouble alimentaire.
Les troubles les plus connus
Les troubles du comportement alimentaire sont nombreux, les plus connus sont l’anorexie, la boulimie, l’orthorexie et l’hyperphagie boulimique. Ils ont une place prépondérante dans la vie des personnes qui en souffrent. «Ce sont des conditions qui affectent beaucoup la santé mentale, explique Isabelle Huot, docteure en nutrition. Comme la relation avec la nourriture est perturbée, la personne qui souffre d’hyperphagie va culpabiliser dès qu’elle mange un aliment qui, pour elle, n’entre pas dans le cadre d’un aliment santé.»
Partie prenante des troubles alimentaires
À l’heure où les réseaux sociaux sont monnaie courante dans la vie de tout le monde et particulièrement des jeunes, l’image du corps parfait et des régimes amaigrissants est partout. D’Instagram à Facebook, les réseaux sociaux glorifient la perfection du corps en donnant beaucoup de visibilité aux corps très minces et aux différents régimes amaigrissants. Très tôt, on constate que les adolescentes ont une réelle préoccupation à l’égard de leur apparence et penseraient déjà à entreprendre un régime.
«On ne peut pas nier que la présence des réseaux sociaux a un impact. Cela crée des problématiques au niveau de l’image corporelle.» – Jérôme Tremblay, sexologue et coordonnateur clinique chez ANEB
Bien qu’il n’existe pas de statistiques sur la proportion de personnes ayant commencé un régime et étant tombées malades par la suite, plusieurs études se sont penchées sur la question. Pour les spécialistes de la nutrition, il est évident qu’il y a une concordance entre les régimes restrictifs et les troubles alimentaires.
Pour Isabelle Huot, les déclencheurs sont nombreux et le fait de suivre un régime restrictif, d’avoir des règles alimentaires en fait partie.
«Toute restriction, qu’elle soit calorique ou cognitive (je ne peux manger certains aliments), peut conduire à une relation perturbée avec les aliments. Quelle que soit sa nature, elle peut amener une obsession», affirme la nutritionniste.
Plusieurs facteurs mis en cause
De nombreux autres facteurs peuvent être à l’origine d’un trouble alimentaire. Les personnes qui en souffrent présentent, en général, des facteurs prédisposants. Selon Jérôme Tremblay, sexologue et coordonnateur clinique chez ANEB, il faut séparer ces facteurs en quatre catégories. «Il y a les facteurs individuels, familiaux, environnementaux et les facteurs socioculturels.»
En plus des facteurs, on note aussi que pour chaque trouble il y a des personnes à risque.
Selon des statistiques obtenues auprès d’ANEB, on constate qu’au Canada, de 5 à 10% des cas d’anorexie nerveuse et de 10 à 15 % des cas de boulimie sont observés chez les hommes. Aussi, 1 à 3% des jeunes femmes souffriront de boulimie au cours de leur vie. Quant à l’hyperphagie, elle toucherait jusqu’à 3,5% des femmes et 2% des hommes.
Les troubles alimentaires sont un problème récurrent dans notre société. Selon Isabelle Huot, les nutritionnistes préconisent l’alimentation intuitive pour aider ces personnes à «manger en pleine conscience», et ce, sans compter les calories, en consommant de petites quantités et en prenant le temps de savourer.