L’entreprise Ail de la montagne de Rigaud propose aujourd’hui une demi-douzaine de produits dérivés de l’ail et a beaucoup de facilité à vendre sa production annuelle. Pourtant, le copropriétaire Luc Gagnon avait comme premier objectif de produire des kiwis avec sa terre du chemin J. René-Gauthier.
M. Gagnon a grandi sur une ferme qui produisait du dindon en Mauricie, mais n’a pas étudié en agriculture. Il s’est plutôt dirigé vers le marketing numérique, un métier qu’il occupe toujours aujourd’hui en plus de sa production d’ail.
Cependant, alors qu’il travaillait pour Châtelaine, il a été amené à collaborer pour la publication du Bulletin des agriculteurs, pour qui il a notamment participé à la création du site web. Ce passage a ravivé la flamme chez lui.
Avec son beau-frère et sa femme, il se met donc à cultiver des zucchinis. «C’est bien beau l’agriculture virtuelle, mais c’est le fun aussi de pouvoir travailler dehors», raconte-t-il.
Ce légume étant produit en un an, la compétition était trop féroce pour rentabiliser ses plants. En cherchant une alternative avec laquelle il pourrait se démarquer, il tombe sur le kiwi. L’idée de l’ail lui est venue dans l’attente de ses premières récoltes.
«Ça prend quand même à peu près 5 ans avant d’arriver à quelque chose avec le kiwi, donc j’avais un morceau de terre qui ne servait un peu à rien. On s’est demandé ce qu’on pouvait faire avec ça, affirme l’agriculteur. C’est là qu’on a commencé avec un peu d’ail à l’automne 2017.»
Au départ, 1 500 plants ont été plantés. Aujourd’hui, le champ en compte environ 25 000.
Production
L’année dernière, l’entièreté de la production a été écoulée avant la fin de l’été. Le copropriétaire explique ce succès par le goût plus prononcé de l’ail du Québec par rapport à celui qui est importé.
«Au fil des années on s’est bâti une clientèle qui recherche le goût plus fort de l’ail du Québec avec lequel l’ail de Chine par exemple, qui est moins cher, ne peut compétitionner, affirme-t-il. On est obligé de dire aux gens qu’on est en rupture de stock.»
La production d’Ail de la montagne se fait presque entièrement manuellement. La plantation a d’abord lieu à l’automne, suivi de l’installation d’un couvert de paille afin de protéger les plants.
«L’idée c’est qu’il se fasse un système racinaire à l’automne pour que directement ça commence à pousser à ce temps-ci de l’année», explique-t-il.
Le désherbage a lieu au début de l’été et se fait également à la main. La cueillette a quant à elle lieu à la fin juillet. L’entreprise s’est procuré une lame souleveuse afin de les aider dans cette étape.
«C’est du semi-mécanisé, mais ça nous aide grandement, surtout quand on a de grandes sécheresses», affirme le producteur d’ail.
Futur
Avec l’augmentation du temps qu’il accorde à sa production, Luc Gagnon en est à se demander s’il souhaite passer à l’agriculture à temps plein. Pour se faire, il devrait se procurer de la machinerie pour l’aider.
«On est pas mal au maximum de ce qu’on peut faire en étant principalement non mécanisé, sinon il faudrait aller au semi-mécanisé, explique-t-il. Mais ce faisant, il faudrait augmenter considérablement la production. Il n’y a pas d’entre-deux.»
D’ici à ce qu’il prenne une décision, il compte continuer à produire au niveau régional. «Je veux continuer de travailler dehors et d’avoir un contact direct avec les gens quand ils achètent notre produit, dit-il. C’est ce que j’aime le plus de l’agriculture.»
Ayant récolté ses premiers kiwis l’an dernier, il compte également continuer ce projet à long terme en même temps que l’ail.