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L’engagement de Layla Belmahi pour l’inclusion et la justice sociale

Layla Belmahi, présidente du Conseil interculturel de Montréal depuis novembre 2022. Le CiM est un organisme indépendant de consultation et d’échanges en matière de relations interculturelles, qui conseille et émet des recommandations à la Ville de Montréal.

Le parcours de la présidente du Conseil interculturel de Montréal (CiM), Layla Belmahi, a été façonné depuis son adolescence par ses valeurs de justice sociale. Celle qui occupe ce poste depuis novembre 2022 tient à cultiver l’esprit d’équipe au sein du conseil et à continuer de travailler pour faire de Montréal une ville plus inclusive.

«C’est une responsabilité de porter quelque chose de plus grand que soi. Je représente maintenant 14 autres membres au conseil, j’espère que j’arrive à créer un climat où les gens sont épanouis», dit Mme Belmahi à Métro.

Membre du CiM depuis septembre 2020, cette Montréalaise dans la vingtaine, d’origine marocaine, a siégé à titre de vice-présidente pendant un an avant de prendre les rênes du conseil, composé de 15 membres bénévoles, d’origines et de milieux professionnels variés, reflétant la diversité culturelle de Montréal.

Réduire les inégalités

Créé en 2003 à titre d’instance municipale consultative indépendante, le CiM conseille la Ville sur des enjeux concernant les populations racisées et les relations interculturelles. À la tête de l’organisme, Mme Belmahi a à cœur de travailler sur la question de la transition socio-écologique et de mettre de l’avant les inégalités quant à l’espérance de vie des Montréalais d’un quartier ou d’un arrondissement à l’autre.

Elle avance que le prochain avis du conseil portera sur les disparités territoriales et souligne son intention de continuer à travailler sur les questions de logement et de mobilité à Montréal, avec un axe transversal lié à la participation citoyenne et tout ce qui concerne l’accès aux espaces verts.

D’ici et d’ailleurs

Née à Montréal de parents marocains s’étant établis au Québec durant les années 90 afin de poursuivre des études universitaires, Mme Belmahi a un parcours migratoire atypique. «Dans les statistiques et les recherches, on parle souvent d’immigration de première ou de deuxième génération, mais moi, je ne suis ni l’une ni l’autre», dit la jeune femme.  

«Nous sommes rentrés vivre à Rabat quand j’avais six mois, mais j’ai toujours gardé un lien avec le Québec. Ma mère cuisinait même du pâté chinois pour nous au Maroc!», s’amuse à raconter celle qui est revenue à Montréal à quelques reprises durant son enfance pour visiter sa parenté, avant de s’y établir pour de bon à l’âge de 18 ans afin de s’inscrire au baccalauréat en communication et études culturelles de l’Université Concordia.

L’une des premières choses que j’ai faites à mon arrivée en 2012, juste après le printemps érable, avant même d’ouvrir un compte bancaire, ç’a été de m’inscrire sur la liste électorale pour pouvoir voter aux élections provinciales.

Layla Belmahi, présidente du Conseil interculturel de Montréal

«C’était symbolique et important pour moi de pouvoir m’exprimer parce que les révolutions qui ont éclaté dans plusieurs pays lors du printemps arabe, quand j’avais environ 16 ans, m’avaient vraiment ouvert les yeux sur les inégalités et la justice sociale.»

Sa quête de justice sociale s’était d’ailleurs concrétisée au Maroc lorsqu’elle a cofondé le mouvement Woman Choufouch, premier mouvement féministe contre le harcèlement sexuel au pays.

Définir son identité

Mme Belmahi nous confie que sa culture et son identité ont été façonnées par son parcours éducatif dans des établissements français au Maroc. «Je me suis toujours demandé pourquoi j’allais à l’école française si mes grands-parents ont lutté pour l’indépendance. Je crois que mes questions identitaires sont liées à ça.»

Dès son arrivée dans la Belle Province, l’identité de la jeune Marocaine a été confrontée à la perception d’autrui, même si elle est née en sol montréalais. «Au Maroc, j’ai découvert que j’étais une femme, mais au Québec j’ai découvert que j’étais une personne racisée», dit celle qui se souvient du jour où elle a découvert pour la première fois l’expression «minorité visible».

«Je me cherchais un emploi d’été et à un moment donné, je devais m’auto-identifier sur un formulaire. J’ai alors lu la définition sur Google et j’ai demandé à mon oncle si je faisais partie d’une minorité visible. C’est là que j’ai compris que j’étais l’Autre, avec un grand A, pour plusieurs personnes, et que je ne suis pas quelqu’un qui va nécessairement [être accepté] dans tous les espaces.»

Rapports de pouvoir

Durant sa maîtrise en communication internationale et interculturelle à l’Université de Québec à Montréal, ses questionnements sur la signification de la célébration du 375e anniversaire de la fondation de Montréal en 2017 l’ont amenée à étudier, dans son mémoire de recherche, la perception identitaire des Montréalais.es noir.e.s, avec une perspective historique des relations interculturelles.  

«J’ai découvert qu’on célébrait l’arrivée des colons français alors qu’il y avait un enjeu de représentation de la diversité touchant particulièrement les communautés noires qui causait bien de controverses dans les médias», dit Mme Belmahi, en faisant référence, entre autres, au spectacle SLĀV de Robert Lepage en 2018.

Mme Belmahi a donc voulu montrer dans son mémoire que les rapports de pouvoir contemporains découlent de ceux établis dès l’arrivée de Samuel de Champlain au Québec au tout début du 17e siècle. «[Il] est arrivé ici avec un interprète nommé Mathieu Da Costa, un homme noir qui parlait français et une langue autochtone, ce qui veut dire qu’il était déjà venu auparavant.»

Un parcours engagé

Mme Belmahi a poursuivi son engagement pour la justice sociale en contribuant au collectif MTL sans profilage et à plusieurs projets de recherche sur la réalité des femmes et des personnes immigrantes de première et de deuxième génération.

Elle a travaillé à la Maison de l’innovation sociale et à la Coalition montréalaise des Tables de quartier, et œuvre actuellement à l’Institut Tamarack, où elle est chargée de la stratégie de rapprochement entre le Québec et les communautés francophones ailleurs au Canada à travers l’établissement de partenariats. Elle y est également responsable du programme «Communautés» bâtissant l’avenir des jeunes, qui vise à faire des changements systémiques en mobilisant plusieurs secteurs afin d’implanter des projets axés sur l’employabilité et la persévérance scolaire.

Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.

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